« La narration est dotée d'une beauté intérieure et d'une humanité extraordinaire. Absolument magnifique ».
« Le masque et la plume », France Inter.
Ce livre est l'histoire d'un crime. Celui de Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau, dans le bureau de poste où elle travaillait à Montréal-la-Cluse. Il a fallu sept ans à Florence Aubenas pour en reconstituer tous les épisodes - tous, sauf un. Le résultat est saisissant. Au-delà du fait divers et de l'enquête policière, L'Inconnu de la poste est le portrait d'une France que l'on aurait tort de dire ordinaire. Car si le hasard semble gouverner la vie des protagonistes de ce récit, Florence Aubenas offre à chacun d'entre eux la dignité d'un destin.
Elles sont sept. Sept soeurs nommées après la constellation des Pléiades, adoptées par un milliardaire aux quatre coins du monde. À la mort de ce père énigmatique, chacune reçoit un indice pour percer le secret de ses origines. Maia, l'aînée, la beauté raisonnable, a peur de la vérité. Ses découvertes la conduisent par-delà les mers, sur les collines de Rio de Janeiro où se sont brisés bien des destins...
Moi, Alfa Ndiaye, dernier fils du vieil homme, j'ai vu les obus malicieux, les ennemis aux yeux bleus, le ventre ouvert de mon plus que frère, Mademba. Par la vérité de Dieu, j'ai entendu le capitaine Armand et son sifflet de mort, les cris des camarades. Ils disent que je mérite une médaille, que ma famille serait fière de moi. Moi, Alfa Ndiaye, dernier fils du vieil homme, je suis tirailleur sénégalais.
« Une question s'est imposée au centre de ma vie, elle a concentré toutes mes réflexions, occupé tous les moments où j'étais seul avec moi-même : comment est-ce que je pouvais prendre ma revanche sur mon passé, par quels moyens ? J'essayais tout. ».
É. L.
Paul Hansen purge sa peine dans un pénitencier canadien.
Dans la cellule qu'il partage avec Horton, un Hells Angel incarcéré pour meurtre, il se raconte sa vie. L'enfance, à Toulouse, entre un père pasteur et une mère gérante d'une salle de cinema. Son métier de superintendant à la résidence L'Excelsior, où il réparait les âmes et entretenait les bâtiments. Les moments de folle liberté dans l'aéroplane de Winona, sa compagne pilote. Et le crime qui l'a conduit en prison.
Dans cet admirable roman, on retrouve un écrivain animé par un sens aigu de la fraternité . Et par un sentiment de révolte à l'égard de toutes les injustices.
Antonio José Bolivar connaît les profondeurs de la forêt amazonienne et ses habitants, le noble peuple des Shuars. Lorsque les villageois d'El Idilio les accusent à tort du meurtre d'un chasseur blanc, le vieil homme se révolte. Obligé de quitter ses romans d'amour - seule échappatoire à la barbarie des hommes - pour chasser le vrai coupable, une panthère majestueuse, il replonge dans le charme hypnotique de la forêt.
Fabien est un petit garçon heureux, qui aime le football, la poésie et ses copains, jusqu'au jour où ses parents rejoignent la Syrie. Ce roman poignant et d'une grande humanité raconte le cauchemar éveillé d'un enfant lucide, courageux et aimant qui va affronter l'horreur.
Une épopée vaste et multiple, un mythe haut en couleur plein de rêve et de réel. Histoire à la fois minutieuse et délirante d'une dynastie: la fondation, par l'ancêtre, d'un village sud-américain isolé du reste du monde; les grandes heures marquées par la magie et l'alchimie; la décadence; le déluge et la mort des animaux. Ce roman proliférant, merveilleux et doré comme une enluminure, est à sa façon un Quichotte sud-américain: même sens de la parodie, même rage d'écrire, même fête cyclique des soleils et des mots.
Cent Ans de solitude compte parmi les chefs d'oeuvre de la littérature mondiale du XXe siècle. L'auteur a obtenu le prix Nobel de littérature en 1982.
En 2009, Florence Aubenas part pour Caen et s'inscrit au chômage, avec un bac pour tout bagage et sans révéler qu'elle est journaliste. À Pôle Emploi, on lui propose de saisir sa chance : devenir agent de propreté dans des entreprises. Le Quai de Ouistreham est le récit saisissant de cette plongée dans le monde de la précarité. Un monde où on ne trouve plus d'emploi, mais des « heures ».
En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
É. L.
Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.
Non non non non, rassurez-vous, ce n'est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons...
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été, une chaleur accablante s'abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale.
La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.
J.-Cl. Grumberg
Dans le monde d'Arnljótur, vingt-deux ans, il est question de boutures, de graminées et surtout de sa fierté, les roses à huit pétales, les Rosa candida. Sa passion dans la vie : le jardin et les fleurs. Une nuit, dans une serre, Arnljótur et Anna s'aiment, ils se connaissent à peine, pourtant leurs existences en seront chamboulées à jamais car, en Islande, les filles naissent bien dans les roses...
Monté à douze ans dans les arbres, Côme, baron du Rondeau, décide de ne plus jamais en descendre. Nous sommes en 1770. Des années plus tard, toujours perché, il séduira une marquise fantasque et recevra Napoléon en grande pompe. Ou comment un individu passe toute sa vie dans les arbres, pour prouver à ses contemporains ce que c'est que la liberté et l'intelligence.
Autoportrait, conte philosophique, Le Baron perché est une éblouissante invention littéraire, où Côme circule au milieu des yeuses comme Calvino dans les lignes.
Victor Zolotarev a recueilli chez lui un pingouin que le zoo de Kiev, au bord de la faillite, n'avait plus les moyens de nourrir. Micha est comme tous les animaux grégaires : sans ses congénères, il est perdu, désorienté et plonge dans la neurasthénie. Dépressif, Victor l'est aussi. Journaliste au chômage, c'est à peine s'il a de quoi survivre. Et nourrir deux personnes n'est pas une mince affaire dans un pays déboulonné. Lorsqu'un patron de presse lui propose d'écrire des « petites croix », des nécrologies pour des personnalités pourtant encore en vie, Victor ne se pose aucune question et fonce. C'est un boulot tranquille et lucratif. Il rédige avec fougue des notices fleuries, jusqu'au jour où les « petites croix » se mettent à mourir, de plus en plus nombreuses. S'agit-il de crimes mafieux, de règlements de comptes politiques ? Malgré les ballets de limousines, les visites nocturnes dans son appartement, les enterrements somptueux où Micha parade, Victor reste témoin passif d'un monde déboussolé et sans règles, où domine la loi du plus fort, métaphore de l'ex-Union soviétique.
Dans une petite ville perdue de l'Amérique rurale des années 30, une famille vit tant bien que mal. Fils unique, Thomas est un garçon sage, fragile et sensible. Quand son père meurt des suites d'un accident, il dérape : trahi par son meilleur ami qui le quitte pour une bande de voyous, il se met à fréquenter une boîte mal famée, apprend à boire et devient violent envers la fille dont il est amoureux. Une malédiction semble s'être abattue sur lui, jusqu'au moment où il va commettre l'irréparable.
« Chez ceux qui ont tout, je n'ai jamais vu de famille aller voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux la politique ne change presque rien. [...] Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question esthétique : une manière de se penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous, c'était vivre ou mourir. »
L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur voyage ?
Dublin, de nos jours. Frances et Bobbi, deux anciennes amantes devenues amies intimes, se produisent dans la jeune scène artistique irlandaise comme poètes-performeuses. Un soir, lors d'une lecture, elles rencontrent Melissa, une photographe plus âgée qu'elles, mariée à Nick, un acteur. Ensemble, ils discutent, refont le monde, critiquent le capitalisme comme les personnages de Joyce pouvaient, en leur temps, critiquer la religion. Ils font des photographies, ils écrivent, ils vivent. C'est le début d'une histoire d'amitié, d'une histoire de séduction menant à un « mariage à quatre » où la confusion des sentiments fait rage : quand Frances tombe follement amoureuse de Nick et vit avec lui une liaison torride, elle menace soudainement l'équilibre global de leur amitié.
Mais Conversations entre amis n'est pas qu'une banale histoire d'adultère : c'est avant tout le portrait attachant, empathique, des jeunes gens contemporains, ces millenials qui ne parviennent pas à trouver leur place dans le monde que leur ont laissé leurs aînés. La voix de Frances, poétique, désinvolte, parfois naïve, d'une extraordinaire fraîcheur est, par de multiples aspects, celle de sa génération.
Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. Alors qu'elle s'élance sur le marché de l'amour, elle découvre avec effroi qu'avoir quarante-six ans est un puissant facteur de décote à la bourse des sentiments. Obnubilée par l'idée de rencontrer un homme et de l'épouser au plus vite, elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme une vraie féministe le devrait. Entourée de ses amies elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle, elle tente d'apprivoiser le célibat.
Jenny Fields ne veut pas d'homme dans sa vie mais elle désire un enfant. Ainsi naît Garp. Il grandit dans un collège où sa mère est infirmière. Puis ils décident tous deux d'écrire, et Jenny devient une icône du féminisme. Garp, heureux mari et père, vit pourtant dans la peur : dans son univers dominé par les femmes, la violence des hommes n'est jamais loin. Un livre culte, à l'imagination débridée, facétieuse satire de notre monde.
Londres, été 2018. Nat, ex-recruteur d'agents doubles soviétiques pour les services secrets britanniques, est désormais un quinquagénaire au placard. Sa vie n'a rien d'exaltant, malgré le soutien inconditionnel de Prue, son épouse, et de Florence, sa jeune et brillante collègue qui surveille les agissements d'un oligarque ukrainien. Chaque lundi soir dans son club, il affronte au badminton - sa passion - un nouveau venu, un certain Ed, grand gaillard déconcertant et farouche détracteur du Brexit...
Sur un coup de tête, Maureen Wingrove décide de s'éloigner du monde et des réseaux sociaux pour tenter de se retrouver. Direction la Bretagne, pour une semaine de retraite dans une abbaye battue par les embruns. Une semaine dense, intense. Une semaine assaillie par des vagues de souvenirs, par des émotions, par des portraits de femmes, par des rencontres insolites et inoubliables. Une semaine face à elle-même, en quête de sérénité. Ressac est le journal de cette parenthèse.
Comme souvent dans les récits de David Grann, un homme est dévoré par son idéal.
Ce personnage d'un autre temps se nomme Henry Worsley. The White Darkness raconte son extraordinaire histoire. Celle d'un militaire britannique fasciné par l'exemple d'Ernest Shackleton (1874-1922) et par ses expéditions polaires ; un homme excentrique, généreux, d'une volonté exceptionnelle, qui réussira ce que Shackleton avait raté un siècle plus tôt : relier à pied une extrémité du continent à l'autre. Une fois à la retraite, il tentera d'aller encore plus loin en traversant l'Antarctique seul, sans assistance, au péril de sa vie. Le récit magnifique d'un homme animé par une quête d'impossible.
Journaliste au New Yorker, David Grann est l'auteur de La Cité perdue de Z et Le Diable et Sherlock Holmes, disponibles chez Points.