Autrefois, Zem Sparak fut, dans sa Grèce natale, un étudiant engagé, un militant de la liberté. Mais le pays, en faillite, a fini par être vendu au plus offrant, malgré l'insurrection. Et dans le sang de la répression massive qui s'est abattue sur le peuple révolté, Zem Sparak, fidèle à la promesse de toujours faire passer la vie avant la politique, a trahi. Au prix de sa honte et d'un adieu à sa nation, il s'est engagé comme supplétif à la sécurité dans la mégalopole du futur. Désormais il y est «chien» -c'est-à-dire flic - et il opère dans la zone 3, la plus misérable, la plus polluée de cette Cité régie par GoldTex, fleuron d'un post-libéralisme hyperconnecté et coercitif. Mais au détour d'une enquête le passé va venir à sa rencontre.
Avec "Chien 51", Laurent Gaudé s'aventure dans le "futur" ; à la fois lyrique, philosophique et tragique, politique aussi, c'est toujours l'homme qu'il questionne.
Seize mois après les événements narrés dans le tome 1, un nouveau chapitre de la chronique grandiose de la Révolution française, mêlant anciens et nouveaux personnages.
Août 1992. Une vallée perdue quelque part à l'Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, ils s'emmerdent comme c'est pas permis. C'est là qu'ils décident de voler un canoë pour aller voir ce qui se passe de l'autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence. Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d'une vallée, d'une époque, de l'adolescence, le récit politique d'une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt, cette France de l'entre-deux, celle des villes moyennes et des zones pavillonnaires, où presque tout le monde vit et qu'on voudrait oublier.
"Arbre de l'oubli" brosse le portrait d'une famille américaine aisée, privilégiée, éduquée... puis, élargissant le tableau peu à peu, nous montre les fils inattendus qui relient cette famille aux pages les plus sombres de l'Histoire moderne. En dessinant un chemin tortueux à travers l'émancipation pas toujours réussie de trois personnages complexes, le roman aurait pu prendre les tonalités d'un parcours initiatique. Mais il s'agit, une fois le tableau appréhendé dans sa globalité, d'un grand roman d'Histoire vivante tant il convoque les enjeux essentiels d'aujourd'hui : racisme, religion et laïcité, procréation pour autrui, violence, misère et colère, féminisme et représentation.
Premier volume de "Révolution", une trilogie sur la Révolution française, "Liberté" ressuscite 1789 en se promenant dans tous les étages de la société. Une fresque grandiose, brassant de multiples personnages et qui totalisera près de 1000 pages. Un livre-événement, par les auteurs d'"Eloi".
L'Allemagne nazie a sa légende. On y voit une armée rapide, moderne, dont le triomphe parait inexorable. Mais si au fondement de ses premiers exploits se découvraient plutôt des marchandages, de vulgaires combinaisons d'intérêts ? Et si les glorieuses images de la Wehrmacht entrant triomphalement en Autriche dissimulaient un immense embouteillage de panzers ? Une simple panne ! Une démonstration magistrale et grinçante des coulisses de l'Anschluss par l'auteur de "Tristesse de la terre" et de "14 Juillet" qui lui a valu le prix Goncourt 2017.
1984. Cléo, treize ans, de milieu modeste, se voit un jour proposer d'obtenir une bourse délivrée par une mystérieuse Fondation pour réaliser son rêve : danser. Mais c'est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va précipiter d'autres collégiennes.
2019. Un fichier de photos est retrouvé sur internet et suscite un appel à témoins destiné à identifier les anciennes victimes de la Fondation. Devenue danseuse de variétés, Cléo comprend que le passé est revenu la chercher, et qu'il est temps pour elle d'affronter son double fardeau de victime et de coupable.
À travers le portrait qu'en dressent ceux qui ont croisé et aimé Cléo, Lola Lafon explore, dans ce roman d'une justesse bouleversante, les systèmes de prédation et leur mécanique implacable. Avec empathie, elle dit aussi les corps sublimés et les corps souffrants, les lois du silence, l'impossibilité du pardon, et le sourire obligatoire derrière lequel sont tapies tant de douleurs.
Haru, un marchand d'art japonais, un homme solitaire, séducteur, amant le temps de dix nuits de Maud, une Française de passage à Kyoto, perd sa légèreté le jour où celle-ci lui interdit d'approcher l'enfant née de leur liaison. Littéralement bouleversé, Haru éprouve un sentiment paternel irrépressible. Il accepte pourtant la cruelle injonction. Par l'entremise d'un photographe dont il achète les services et la discrétion, il va dorénavant passer sa vie à observer sa fille Rose au fil des images volées. À travers cette histoire se dessine la vie d'un Japonais habité de beauté et d'invisibles, un personnage d'une grande intériorité entouré d'amis avec lesquels il traverse désastres, désespoirs et commencements.
Les lecteurs de "Une rose seule" reconnaîtront le personnage de Haru et celui de Rose, sa fille tant aimée, du magnifique Keisuke, de Beth, Sayoko et Paul, les complices. Si "Une heure de ferveur" peut composer un diptyque avec "Une rose seule" (72 000 ex. en édition courante, parution en Babel ce mois de mai), ils peuvent se lire totalement indépendamment.
À la mort d'un père qu'elle n'a jamais connu, Rose arrive au Japon pour la première fois afin d'y entendre son testament.
Accueillie à Kyoto, elle est conduite dans la demeure de celui qui fut, lui dit-on, un marchand d'art contemporain, et dans cette proximité soudaine avec un passé confisqué, la jeune femme ressent tout d'abord amertume et colère. Mais Kyoto l'apprivoise et, chaque jour, guidée par Paul, l'assistant de son père, elle est invitée à découvrir un itinéraire imaginé par le défunt, semé de temples et de jardins, une étrange cartographie d'émotions et de rencontres qui vont l'amener aux confins d'elle-même.
Ce livre est celui de la métamorphose d'une femme placée au coeur du paysage des origines, sur un chemin qui l'emporte vers cet endroit unique où se produisent parfois les véritables histoires d'amour.
Laurent Tillon nous fait découvrir le monde fantastique des chauves-souris qui animent les nuits de nos forêts. Son approche à la fo is sensible et nourrie des toutes dernières découvertes scientifiques, auxquelles il contribue par des expériences originales et passionnantes, fait le charme particulier de ce documentaire.
Un enfant arrive en hiver dans une région de haute montagne. Parisien il découvre la neige pour la première fois. Un décor impensé, impensable se dresse devant lui, cerné de pics et de glaciers qui par instant se dessinent dans l'épaisseur du brouillard. Dans cette vallée isolée en haute montagne, à courte distance du Mont-Blanc, la nature règne en maître au rythme des saisons, ces cycles immuables au cours desquels des hommes et des femmes, des gosses, aux vies modestes mais d'une humanité décuplée par le sens et la nécessité de leurs tâches, vont partager leur monde avec ce citadin, ébahi.
Temps de guerre, temps de tourments, temps de fuite, irruption de la montagne comme recours ; ces pages magnifiques sont une échappée salvatrice.
Valentine Goby donne probablement ici le meilleur de ses romans, la portée de son livre est fascinante. Toute l'altitude d'un écrivain.
C'est par un texto de sa grand-mère que Tarô apprend le décès subit de sa mère. Celle-ci, séduisante et indépendante, tenait une librairie spécialisée dans les ouvrages rares. Tarô, vingt-six ans, sourd-muet et métis, a grandi entre ces deux femmes. Aujourd'hui artiste, il vit seul et ne se sent pas très épris de sa petite amie. Une jeune fille qui vient à la librairie lui présenter ses condoléances suscite en lui un trouble profond, comme un amour naissant, comme un précieux souvenir.
Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l'Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d'architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir.
Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n'a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n'est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l'âge des choix. Aujourd'hui, il vend de la bouffe pour chien, rêve de rejouer au hockey comme à seize ans, vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu'il a tout raté.
Et pourtant il croit dur comme fer que tout est encore possible.
Connemara c'est cette histoire des comptes qu'on règle avec le passé et du travail aujourd'hui, entre PowerPoint et open space. C'est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l'envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d'un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi.
Au début de l'histoire, la mort d'une femme qui, il y a longtemps déjà, a décidé de se taire. Elle adresse ses dernières volontés aux jumeaux Jeanne et Simon, ses enfants. C'est le début d'un périple lourd de révélations sur leur identité. Le deuxième volet du cycle dramaturgique présenté dans son intégralité au festival d'Avignon 2009.
Olivier Remaud nous entraîne dans la danse des montagnes. Philosophe et grand marcheur, il explore la dimension vitale de ce que nous voyons toujours comme inanimé : les montagnes, les falaises, la roche. Dans une langue très poétique, son exploration révèle la vie qu'elles contiennent, la vie dont elles procèdent.
Edition enrichie. Et préface inédite attendue de Richard Powers.
Le mystère d'être un corps, un corps qui interprète et vit sa vie, est partagé par tout le vivant : c'est la condition vitale universelle, et c'est probablement elle qui mérite d'appeler le sentiment d'appartenance le plus puissant. Ainsi, les animaux sont pour nous à la fois des parents et des étrangers d'une immense altérité. Baptiste Morizot approfondit ici une série d'enquêtes philosophiques fondées sur la pratique du pistage. Il s'agit de pister à la fois les vivants sur le terrain et les idées que nous nous faisons d'eux dans la forêt des livres et des savoirs... Ce livre approche les animaux, humains compris, comme autant de «manières d'être vivant».
Alexandre et Ada forment un couple heureux et s'apprêtent à accueillir un enfant. À l'heure de partir pour la maternité, Ada confie son premier-né à leur voisine Sandra, une célibataire qui a décidé de longue date qu'elle ne serait pas mère. Après cette soirée, celle-ci garde pourtant un attachement indéfectible au jeune garçon. Quelques années plus tard, sur un site de rencontres, Alexandre fait la connaissance d'Alba, une enseignante qui l'impressionne par sa beauté lisse et sa volonté de fer...
Sandra, Alexandre, Alba - sur ces trois piliers, Alice Ferney construit son roman : en révélant les aspirations, les craintes, les hésitations, les choix de ces personnages, elle orchestre une polyphonie où s'illustrent les différentes manières de vivre à deux, et d'être parent - ou de ne pas l'être.
Alternant les points de vue pour déplier toutes les réalités d'un projet ou d'une certitude, elle ausculte magistralement une société qui sans cesse questionne le bonheur familial et repousse les limites de la nature pour répondre aux quêtes individuelles.
Originaire d'une petite ville de la région du San'in, Kyôko est une femme célibataire d'une grande beauté. Tout l'oppose à sa soeur cadette Anzu, divorcée, mère d'un garçon, céramiste reconnue. Kyôko, elle, poursuit depuis treize ans une carrière de secrétaire de direction dans une société de cosmétiques à Tokyo. Elle profite ainsi, avec légèreté, du magnétisme qu'elle exerce sur les hommes et s'épanouit au gré de ses voyages d'affaires. Mais le départ soudain de son patron et l'arrivée du nouveau, plus jeune, plus charmant, vont ébranler en elle bien des certitudes.
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d'un empire immense, s'apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c'est Troie assiégée, c'est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s'éteint; son plus jeune fils s'en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l'image de ce que fut le vénéré et aussi le haïssable roi Tsongor.
Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l'insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s'accomplir, de quelque manière, l'apprentissage de la honte.
Pour les besoins d'une thèse consacrée à «la vie à la campagne au XXIe siècle», l'apprenti ethnologue David Mazon a quitté Paris et pris ses quartiers dans un modeste village des Deux-Sèvres. Logé à la ferme, bientôt pourvu d'une mob, s'alimentant au Café- Épicerie-?Pêche et puisant le savoir local auprès de l'aimable maire - également fossoyeur -, le nouveau venu entame un journal de terrain.
Mais il ignore encore quelques fantaisies de ce lieu où la Mort mène la danse. Quand elle saisit quelqu'un, c'est pour aussitôt le précipiter dans la Roue du Temps, le recycler en animal aussi bien qu'en humain, lui octroyer un destin immédiat ou dans une époque antérieure.
À l'exception d'une trêve de trois jours par an au cours de laquelle est donné un banquet afin que les fossoyeurs ripaillent, sans scrupule et dans une fabuleuse opulence de nourriture, de libations et de langage. Car les saveurs de la langue, sa rémanence et sa métamorphose, sont l'épicentre de ce roman hors normes, aussi empli de truculence qu'il est épris de culture populaire, riche de mémoire, fertile en fraternité.
La guerre d'Indochine est l'une des plus longues guerres modernes. Pourtant, dans nos manuels scolaires, elle existe à peine. Avec un sens redoutable de la narration, "Une sortie honorable" raconte comment, par un prodigieux renversement de l histoire, deux des premières puissances du monde ont perdu contre un tout petit peuple, les Vietnamiens, et nous plonge au coeur de l'enchevêtrement d'intérêts qui conduira à la débâcle.
Parce qu'un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait voeu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent «l'argent de New York», leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela - dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements - confie à son contemporain, l'ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.
Roman solaire, profondément humaniste, le livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l'existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d'apporter, au gré de son propre destin, la fierté d'être un Scorta, et la révélation du bonheur.
Dans cet essai qui fait suite au très remarqué "L'Incroyable Pouvoir du souffle", Stéphanie Brillant propose un regard nouveau sur l'amour en tant qu'énergie à la source des diverses émotions et sentiments positifs que nous avons tendance à confondre avec lui. En mêlant recherches scientifiques, expériences, et sagesses, elle montre que l'amour est notre plus grand capital santé, tant mentalement que physiquement. Car l'amour est l'une des forces les plus puissantes de la nature et nous en sommes les catalyseurs.
L'amour est une force de vie ; remarquablement complet, le livre allie dans une approche globale les aspects physiologiques, psychiques et spirituels de l'amour. Un livre riche en informations scientifiques et en expériences, qui permettent d'appréhender comment tout est imbriqué et pour savoir faire circuler l'amour en soi, vivre de façon plus alignée avec soi, avec les autres, avec le monde.
Quand Salina meurt, il revient à son fils, qui a grandi seul avec elle dans le désert, de raconter son histoire, celle d'une femme de larmes, de vengeance et de flamme. Laurent Gaudé réinvente les mythes pour écrire la geste d'une héroïne lumineuse et sauvage.