La lutte pour le territoire peut être belle. Riopelle y met tout son coeur, tout son art, contribue au Bivouac en plein bois comme à une dernière chance de sauver à la fois Gros Pin et une humanité en déroute. Pendant ce temps, à la Ferme Orléane, Anouk et Raph s'y attellent les deux mains dans la terre, portées par la possibilité d'une agriculture et d'un vivre-ensemble révolutionnaires... ainsi que la promesse de suffisamment de conserves pour retourner passer l'hiver au chaud dans leur tanière.
Mais là où certains voient une Nature alliée à protéger, d'autres voient une ressource à exploiter. Jusqu'à ce que le bois grince, que la terre craque.
Je divague. Un arbre me parle. Je pique vers lui, un hêtre de mon âge, pour flatter son écorce lisse. Toucher du bois. Mes bras sont raides comme des bâtons de ski. Je fais une prière tacite. Forêt, aide-moi.
Vers quelle forêt secrète se dirige la photographe partie à la recherche d'un certain Boychuck, témoin et brûlé des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l'Ontario au début du XXe siècle? On ne le saura pas. Boychuck, Tom et Charlie, dorénavant vieux, ont choisi de se retirer du monde. Ils vivent relativement heureux et ont même préparé leur mort. De fait, Boychuck n'est plus de ce monde au moment où s'amène la photographe.
Tom et Charlie ignorent que la venue de la photographe boulversera leur vie. Les deux survivants feront la rencontre d'un personnage aérien, Marie-Desneige. Elle a 82 ans, tous ses esprits, même si elle est internée depuis soixante-six ans. Elle arrivera sur les lieux comme une brise espérée alors que la photographe découvrira que Boychuck était un peintre et que son oeuvre était tout entière marquée par le Grand Feu de Matheson.
C'est dans ce décor que s'élabore Il pleuvait des oiseaux. Nous voici en plein coeur d'un drame historique, mais aussi pris par l'histoire d'hommes qui ont choisi la forêt. Trois êtres épris de liberté et qui ont fait un pacte avec la mort. Un superbe récit à la mesure du grand talent de Jocelyne Saucier.
Marie-Noëlle est mal dans sa peau. Désespérée par ce corps qui s'arrondit et l'éloigne de l'image à laquelle elle voudrait correspondre, cible du mépris de celles et ceux qui n'ont pas ce « problème », la jeune femme perd pied. Haine de soi, maladresses de proches qui ne savent pas comment aider, incohérences d'une société qui échoue à composer avec ce qui sort des normes : il y a tout ça dans La grosse laide. Avec cette BD entièrement dessinée au crayon graphite, visuellement éblouissante, Marie-Noëlle Hébert signe une première oeuvre à la fois très personnelle et de nature à toucher profondément toutes celles et tous ceux qui un jour se sont sentis en marge du monde. « C'est mon corps et il est beau. Peut-être qu'à la longue, je finirai par le croire. Ne plus s'effacer. Se libérer du corps enseigné, tenu pour acquis, en devenant de plus en plus solide et pleine. Être moi. Et ne plus commettre l'erreur de m'en excuser. »
Elle se nomme Hélène, mais se fait appeler Joe parce qu'elle veut vivre en garçon comme lady Oscar, son héroïne de dessins animés préférés qui est le capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette. Comme elle, elle aimerait vivre à une autre époque et réaliser de grands exploits, car elle a l'âme romantique et un imaginaire avide de grands drames. Mais elle doit se contenter de passer les journaux, puis de travailler comme serveuse dans une salle de bingo. Après tout, au début du roman, elle n'a que huit ans, même si elle prétend en avoir dix.
Hélène a trois soeurs, un père très occupé à être malheureux et une mère compréhensive mais stricte qui ponctue ses phrases d'un «C'é toute» sans réplique. Elle vit dans un quartier populaire peuplé de gens souvent colorés dont le plus attachant est sans nul doute son nouveau voisin, Monsieur Roger, un vieil homme qui rêve de mourir. Il passe ses journées à boire de la bière, mais il accourt dès qu'on a besoin de lui. Hélène et lui développent une amitié indéfectible.
Papier bulle est une histoire profondément émouvante, qui montre qu'on peut tirer une grande force de ce qui, au départ, paraissait être une faiblesse. Une leçon de résilience dont les illustrations, inspirées de l'univers du manga et colorées aux feutres à l'alcool, exploite le principe du bleeding . En effet, au verso de chaque page, on découvrira une version différente du dessin se trouvant au recto, comme un saignement révélant quelque chose d'insoupçonné...
Une famille de 21 enfants gravite autour d'une mine à l'abandon. En soi, ce n'est pas banal. Surtout que le groupe sème la terreur partout. Mais il y a plus: un drame est survenu qui les concerne tous. Quelqu'un est mort dont on veut taire l'identité. Un
Le coeur de Sitka bat fort, fait pulser dans ses veines un sang infusé de tourbe et de conifères, du souvenir d'un océan, d'une reine fragile à protéger. Sinueux est le chemin qui la mènera de l'autre côté de la peur, de l'autre côté du continent. Une nouvelle logeant entre les lignes du triptyque composé des livres ENCABANÉE, SAUVAGINES et BIVOUAC de l'écoromancière Gabrielle Filteau-Chiba.
La narratrice du roman, qui ne sera jamais nommée, déplorant le manque d'histoires, de contes, mettant en scène des filles comme elle, des filles trans qui soulèvent des montagnes et pourfendent des créatures fantastiques, entreprend d'écrire l'histoire qu'elle aurait aimé lire - histoire qu'elle basera sur sa vie... tout en se permettant un grand nombre de libertés artistiques.
Peut-on séparer l'artiste de son oeuvre ? Jérémie McEwen dirige cet ouvrage collectif, qui fait éclater la question de départ en mille miroirs de notre époque. Avec des textes de : Laurie Bédard, Gabriel Cholette, Alexandre Goyette, Rebecca Makonnen, Eftihia Mihelakis, Caroline Monnet, Safia Nolin, Marie-Ève Trudel et Jérémie McEwen.
Une chose attend, juste-là, sous la surface de la conscience; un souvenir, un monstre sous le lit de Camille, qui ne dort plus, depuis des semaines. Mais il faut dormir, pour vivre, et pour avoir de nouveau le droit de voir Jeanne, sa nièce chérie, qui a tant besoin d'elle pour apprendre à se défendre. Alors Camille accepte : elle ira voir Gabriel, s'abandonnera à sa machine. Mais une peur la tenaille... qu'arrivera-t-il, si elle perd le contrôle? Un roman troublant, haletant, qui vous privera de sommeil jusqu'à la dernière page. Quelque chose m'appelle. C'est un bruit de douleur. C'est un son insupportable et familier. Il n'y a pas de mot, juste un geignement à peine discernable, caché dans le froissement des pommiers. Ma peau se hérisse de frissons. Il y a une odeur qui veut m'envelopper, provoquer une nausée. Ma gorge se serre trop fort. Je ne peux plus respirer. La peur me vide la tête. Je vais tomber. Je vais disparaitre. Je vais mourir. Je veux crier, mais je ne peux pas, je n'en suis pas capable. Je ferme les yeux et il y un flottement. Un moment où je cesse d'exister, parce que quand j'ouvre les paupières, je suis devant la galerie arrière de la maison. Je ne sais pas comment je suis arrivée ici. Un manque. Un espace vide dans ma conscience. Qu'est-ce qui m'arrive?
D'abord : ceci est une mutinerie. Et si notre mutinerie doit réussir, il faut que je nomme bien les choses, sans détour. Sans ça, tu ne dérogeras pas à tes certitudes. Alors voilà: je suis trans. Comme dans transgression. J'ai cassé les genres, je me suis soustraite aux codes. Je suis trans. Comme dans translation. J'ai fait glisser les éléments qui constituent ma personne d'un état vers un autre. Ma géométrie a été variable. Je suis trans. Comme dans transmutation. Ma vie est une alchimie. J'ai fait de l'or avec du plomb. Je suis trans. Comme dans transports amoureux. J'ai connu toutes les ardeurs. Celles des femmes, celles des hommes et celles de cielleux qui ont quitté le bal des binarités. Je suis trans. Comme dans transie. Par la peur, par l'amour, par la solitude. Je suis trans. Comme dans transhumance. J'ai changé de troupeau et de pâturage. J'étais un mouton. J'ai tenté d'être une brebis. Mais en vain. Je comprends aujourd'hui que je suis une louve parce que je suis trans. Comme dans transgenre. Et ce soir, je suis une révolution.
Un facteur modle s'adonne des activits illicites. S'tant immisc dans une correspondance amoureuse, le voil forc d'crire des hakus (lui qui n'en a jamais produit un seul !) et entran dans une aventure amoureuse qui se terminera d'une incroyable faon...
Le jour où la baleine grise à la nageoire dorsale cicatrisée s'empare de son fils, Jack s'embarque dans une folle aventure pour le retrouver. Le pêcheur sera prêt à tout pour y parvenir, quitte à y perdre... son âme.
De grands enjeux humains traversent la question de l'accès à l'aide médicale à mourir?: l'instinct de survie, les réactions devant la mort inéluctable, la dignité et la liberté, le respect et la volonté de mourir, entre autres.
Pour savoir comment s'incarnent ces questions, le journaliste et écrivain Normand Cazelais est allé à la rencontre de personnes oeuvrant dans le milieu de la santé, de familles et de proches aidants, jusqu'à Véronique Hivon, dont l'action politique a fait avancer la cause et son cadre légal au Québec.
Pour mieux comprendre, il a aussi questionné l'histoire, les religions et les croyances d'ici et d'ailleurs, la littérature, la justice et les lois, en quête d'amorces de réponses à partager, à préciser ensemble, en famille comme en société.
Cet essai savamment construit offre plusieurs perspectives intéressantes qui orienteront le débat actuel en nous invitant à nous pencher dès maintenant sur ces questions complexes qui deviendront incontournables dans les années à venir.? - Extrait de la préface de la Dre Mona Gupta, Centre hospitalier de l'Université de Montréal.
Dissertant au gré de ses humeurs sur un sport qui peut rendre fou, James Hyndman puise dans son expérience de tennisman autant que dans ses souvenirs douxamers et son imaginaire débridé pour proposer un livre inattendu, à la fois introspectif et rempli d'humour, une sorte d'essai joyeusement tendancieux destiné aussi bien aux profanes qu'aux fanatiques. Avec ce troisième titre, l'auteur confirme un talent singulier.
La commandante Andréa Chang vit toujours, mais sa copilote, la vitale et lumineuse Maïa, n'est plus, et la galaxie semble soudain bien vide. Comment expliquer au centre de contrôle l'amour entre deux astronautes, leur capacité à transformer toute épreuve en équation, leur aptitude à sublimer la mort? Une nouvelle se déroulant dans l'univers dystopique mis en place dans le roman VALIDE, de la même autrice.
C'est sur un train qui sillonnait les régions reculées du nord de l'Ontario qu'est née Gladys. Avec sa fratrie et les enfants de la forêt côtoyés au fil des haltes, elle a vécu sur les rails des années de pur ravissement. A rencontré l'amour.
«?Quand on a connu le bonheur, il est impossible de croire qu'il n'est plus possible.?» Qu'est-ce qui a poussé cette optimiste forcenée, devenue une femme âgée, à se jeter sur un train puis un autre, échappant à toutes les tentatives pour la ramener à la maison?? La question obsédera ses amis proches et lointains, de même qu'un certain activiste des chemins de fer qui n'en démordra pas?: quelqu'un, quelque part, doit savoir ce qui a conduit Gladys si loin de Swastika.
Simone Simoneau, Sissi pour les intimes, veut en faire plus. Engagement citoyen, justice sociale, environnement, place des femmes : pour que la société évolue selon ses idéaux, ne faut-il pas sauter dans la mêlée ? L'invitation du parti Action/Réaction à être candidate dans un arrondissement populaire aux prochaines élections municipales tombe à point ! Au croisement des univers de Valérie Plante, mairesse de Montréal, et de Delphie Côté-Lacroix, illustratrice maintes fois primée, cette chronique d'une femme en politique se veut une oeuvre ludique et personnelle mettant en lumière le parcours d'une citoyenne qui décide, malgré les contraintes des rouages politiques, de suivre son instinct.
Quand c'est sa candidature qui est retenue au Concours-de-qui-ira-sur-la-Lune, la jeune héroïne de cette histoire se réjouit de faire plaisir à son grand-père, qui souhaite la voir déployer son plein potentiel. Mais rien ne se passe comme prévu. Sur le ton de la fable, Grand-père et la Lune montre avec beaucoup de sensibilité qu'il faut parfois savoir remettre en question les rêves qui guident nos pas. Un roman graphique poignant, où chacun, qu'il soit petit ou qu'il soit grand, trouvera une histoire qui lui est adressée.