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Prix Robert-Cliche 2021 ll s'est assis là où se rendaient les vagues pour observer la danse singulière des particules. Elles avaient un comportement plus animal que minéral. Il était facile de leur prêter une volonté : déplier le plus loin possible, en longues traînées, leur chatoiement bizarre. Saisi par le phénomène, Goyette n'a pas reculé. Le fleuve lui est rentré dans les souliers, dans les pantalons, dans la raie. C'était froid, et de plus en plus magnifique. Grâce à leur énorme usine, les Lelarge contrôlent le marché des fruits de mer sur la Côte-Nord quand survient, sur la plage de Baie-Trinité, un visiteur à l'élégance suspecte, lié à un mystérieux conglomérat japonais. Pour Frédéric Goyette, fonctionnaire dépressif de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, amateur d'aquavit et de jazz inécoutable, c'est le début de l'enquête. Quant à Laurie Lelarge, cadette rebelle de sa famille, l'homme en vient vite à exercer sur elle un attrait confus, mais irrépressible. Elle ignore encore que Mori Ishikawa est l'auteur d'une invention qui est promise à changer le cours de l'histoire...
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Dans un futur proche, une famille de militants de gauche fuit à vélo des États-Unis hypersurveillés et de plus en plus despotiques pour immigrer clandestinement à Montréal, devenue ville sanctuaire. Tandis que Laek, Janie, Siri et Simon tentent de régulariser leur situation et d'apprendre à vivre en français dans leur terre d'asile, de lourds secrets familiaux émergent, qui viennent mettre en péril leur quiétude.Paru en 2014 sous le titre Cycling to Asylum et entièrement revu par Su J Sokol pour la présente édition, Les lignes invisibles offre une vision prophétique de la fragilisation de nos démocraties.
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Vous allez bientôt rencontrer Lol, le farfadet fatal, Paris Dulove, l'auteur torturé de La cidrerie ou La colère homosexuelle, Anna, Lucie, grand'man Bernadette et bébé Pomeline, Brennan Palmer, le magnat de l'immobilier dans son imposant manoir, Wayne Walters, le conférencier motivationnel pas tellement gai, Zéphyrine Montagne, actrice niçoise antithéâtrale et Ignace, son déplorable fils, des lavandières magiques dans une buanderie d'Alphabet City, un certain Antoine et son éditeur sans vision littéraire, Finn Boerman, le grand photographe belge, des jumeaux tchèques espiègles, Harrison, libraire collant à la croisée des chemins, et Beau, et Ismaël, et l'irrésistible Dr Greg, avec ses implants. Et tout plein d'autre beau monde. Vous avez bien de la chance.
Roman sans rien est une prouesse dans sa construction et par le jeu de voix qu'il met en place,
couche par couche. C'est aussi une réflexion sur le rapport à la fiction romanesque: celui d'un écrivain, mais aussi celui de ses proches, et le nôtre. C'est tout autant un regard porté sur l'identité gaie, qui apparaît tour à tour libératrice et aliénante. Et c'est un page-turner. -
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Fatou Mbaye voyait bien qu'Ousmane voulait faire aimer le Québec à ses enfants, à Coumba Fleur, conditionnellement. Mais elle, elle avait décidé de lui faire aimer le Québec comme il était, en prenant tout, inconditionnellement. Comme elle prenait tout du Sénégal, il fallait prendre tout du Québec, tout aimer et ensuite, ensuite seulement, faire des choix.
Sarzène. Ce mot, emprunté à la poésie de Gérald Godin, désigne une étrangère. C'est aussi le surnom de Coumba Fleur dans le quartier de Parc-Extension, à Montréal. C'est là qu'elle a grandi, dans l'ombre de sa mère, femme imposante porteuse d'un lourd secret. Ébranlée par une trahison abjecte, Coumba partira s'abreuver à la sève de ses racines africaines. Son long séjour à Dakar verra naître en elle un désir ardent de se réapproprier sa place au Québec. Saura-t-elle confirmer les prophéties des marabouts, qui ont promis un brillant avenir à la fille de Fatou Mbaye ?
Servi par le réalisme magique, imprégné par le conte, le roman d'Ayavi Lake envisage la transmission, la filiation et l'héritage littéraire comme autant de forces créatrices capables de changer le monde. -
Karam, se sentant vieillir, convainc son frère Farid de faire le voyage avec lui de Montréal à Havre-Saint-Pierre, la ville qui les a vu grandir après qu'ils eurent quitté leur petit village du Liban. C'est un pélerinage tardif, en hommage à leur seur Salwa, morte toute jeune, cinquante ans plus tôt Abla Farhoud a su donner à cet ultime roman, crépusculaire et lumineux une fine composante chorale, Salwa méditant en parallèle sur sa vie et celle de sa famille. On retrouve tout le sens du récit et du dialogue de l'auteure de Le bonheur a la queue glissante, dont l'humour à la fois perçant et mélancolique nous manque déjà.
Havre-Saint-Pierre, qui est également une lettre d'amour au Québec, était entièrement rédigé et en cours d'édition à la disparition de son autrice. Le roman sera pararachevé avec sa fille, qui était également sa première lectrice. -
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Dans Déboussolé, on avait rencontré un jeune homme dégingandé et romantique qui s'apprêtait à quitter sa chambre d'ado attardé à Laval pour partir la découverte du monde, et de l'amour. Dans Me suivezvous, on retrouve un adulte au sommet de sa gloire au sein du groupe d'humour qui l'a fait connaître, toujours aussi voyageur, toujours aussi romantique. Toujours aussi perdu?
Sans doute pas. Il a beaucoup travaillé sur lui-même: quand le rythme de travail de RBO ne lui
convient plus, par exemple, il dit «non», maintenant. Quand les attentions excessives d'une fan commencent à vraiment le terrifier, il ravale sa fierté et prend le téléphone: «Bonjour la police?». Et quand la mélancolie de l'éternel retour de ses patterns amoureux devient trop étouffante, il prend le premier vol pour l'Himalaya.Yves P. Pelletier est un ramasseux : de carnets, de documents et, surtout, de souvenirs, comme ceux, poétiques, de ses voisins sur la rue Pontiac, Gérald Godin et Pauline Julien, ou celui, poignant, d'un moment de complicité muette sur un terrain de golf avec son ami Guy, qui venait de vivre un drame
terrible. L'humour est là, toujours, salutaire, tout comme cette insatiable curiosité qui lui fait se lier
d'amitié aussi facilement avec un lama vénérable et sans âge qu'avec une chorégraphe de Bollywood, un cinéaste expérimental parisien, ou trois disquaires népalaises expertes en marchandage. Sans parler du mystérieux Docteur U. -
Zoé Rose s'interroge. Sur le corps et sur l'amour, la volonté et le désir, la création et l'intellect. On la rencontre alors qu'elle commence les études en histoire de l'art qui la mèneront à l'écriture d'une thèse sur Refus global, puis à l'enseignement. Chemin faisant, elle observe en même temps qu'elle les vit les inégalités entre les sexes, les classes sociales, les statuts économiques. Exigeante, elle s'observe aussi elle-même et ne craint pas de mettre à l'épreuve les discours dominants, d'où qu'ils viennent.
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Nous passions devant la papetière du centre-ville, fermée depuis le début de la pandémie. Au feu rouge, Joe a débrayé en brisant mes illusions : - Oublie ça. Les prix ont augmenté. Une bonne paire de guillemets, c'est pas en bas de 95 000 piasses - 30 000 le chevron si tu les achètes séparés. - quatre-vingt-quinze mille ! voyons c'est pas un hostie de cheval de course, on parle juste de guillemets français ! - Hé ! On dirait que ça revient tranquillement, l'expression dans ta voix. - oui mais c'est inconstant 95 000 tu dis Le virus du Tennessee ravage le monde en répandant sa fièvre ; il attaque la ponctuation dans les phrases et prive les malades de toute expressivité langagière. Thomas, jeune médecin de Baie-Comeau, est confiné dans un motel converti en hôpital où s'entassent des patients de plus en plus mal en point. Il s'ennuie de sa blonde, Marguerite, fleuriste alternative. Ce n'est pas avec du sexe virtuel qu'ils vont faire leur bébé... Parmi ses collègues : des infirmières dévouées aux méthodes inventives ; Joe Bassin et Tristan Tabarnac, soignants volontaires et dangereux illuminés ; cinq Marie-Ève ; quatre Claude. Tout se complique quand Paul-Serge, un gestionnaire hospitalier, débarque au motel avec ses bras trop longs et sa fausse identité.
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Dehors, la lune commence à se pointer les rondeurs. Frigo plisse ses yeux enflés pour mieux la détailler. Pendant une fraction de seconde, il a l'impression que le ciel est une carte de bingo. Il jurerait que l'astre de la nuit est une pitoune qui s'est déplacée d'elle-même pour aller se parquer quelques instants sur le carré des gagnants. Décembre 1976, quelques jours avant Noël. Frigo est à l'hôpital. Il s'est fait arranger le portrait par Marco le macro, le proxénète de Chantale Choquette, sa dulcinée. Des pans de sa vie lui reviennent en mémoire : enfance, errances, désirs, déboires, grandes joies et petites morts. Dans une autre chambre, le narrateur est en train de venir au monde. Après avoir suivi les destins croisés des personnages de Mélasse de fantaisie, Francis Ouellette se penche sur le chevet de Frigo, robineux lumineux, pour assembler les éclats de vie qui ont fait de ce héros doux et taiseux une légende du Centre-Sud.
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- J'ai le goût de t'acheter quelque chose ! Je peux t'acheter quelque chose ?
Il sautillait littéralement, me devançant sur le trottoir comme pour évacuer un trop-plein d'énergie.
- De quoi tu parles ?
- Tu voudrais quoi, Émilie ?
- Je veux rien.
- Un café ? Un nouveau manteau ?
Il revenait vers moi pour me prendre par les épaules, puis se remettait à faire des bonds en énumérant toutes les choses qu'il pourrait m'acheter.
Il jubilait. Moi, je me sentais... C'était quoi, donc, ce sentiment ? C'était flou, comme l'embryon d'une émotion. Peut-être l'humiliation.
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