L'envers du landau est une réflexion sur la femme qui choisit de dire non à la maternité dans une société obsédée par le discours nataliste. Quelle place peut, en effet, espérer occuper une non-mère dans une économie qui prend appui sur les tables à langer? Quelle énigme, quel insecte étrange constitue-t-elle pour le monde qui l'entoure? Cet ouvrage porte sur les pressions qui s'exercent sur la récalcitrante pour l'inciter à rentrer dans le rang, sur les épouvantails qu'on dresse sur sa route pour la ramener dans le droit chemin. Il s'adresse aussi, par la bande, à toutes celles qui souffrent de ne pas avoir pu donner la vie; dommages collatéraux de cette course à la maternité à tout prix, elles se heurtent aux mêmes contingences sociales et elles éprouvent, en prime, le sentiment de ne pas avoir rempli correctement leur mandat de femme.
Pour Florian Grandena et Pierre-Luc Landry, le queer est « un bouclier contre l'oppression ». Avec La guerre est dans les mots et il faut les crier, ils souhaitent « exprimer leur ras-lebol par rapport à certains discours médiatiques, culturels et sociaux entourant les luttes et les politiques identitaires LGBTQIA2S+ ». Afin de dénoncer des « stratégies assimilationnistes », révéler « une nouvelle homophobie » et « un conformisme grossier », ils adoptent une grande liberté de ton, à la fois érudit et populaire, tenant de la recherche aussi bien que de la création, le tout orné des illustrations d'Antoine Charbonneau-Demers. « Nous sommes pédés, tapettes, faggots, cocksuckers ; nous avons entendu toutes les insultes, et nous les récupérons ; nous sommes queers, et nous avons décidé que la guerre est dans les mots et qu'il faut les crier. » Sans hiérarchie ni jugement de valeur, il est question de Lizzo et d'Eurythmics, de Xavier Dolan et de Catherine Breillat, de Simone de Beauvoir et d'Edward Saïd, entre autres.
Nous avons écrit ce livre avec nos corps. Nous avons parfois failli y laisser notre peau. Nous avons parfois failli y laisser notre santé mentale, également, puisque nous avons choisi d'y creuser des sujets qui nous révoltent, nous obsèdent, nous font violence. Nous avons aussi été affectés par l'extérieur, par l'état actuel du monde, par les meurtres et agressions qui se sont produits pendant que nous rédigions le livre. Il n'était pas possible d'écrire sans dire « je », sans parler d'une même voix au « nous », tout en rendant cette voix fluide, fluctuante, insaisissable. Nous avons écrit à partir des effets politiques de ce que nous sommes, tout en brouillant les pistes - rien, ici,n'appartient plus à l'un qu'à l'autre. Nous écrivons ensemble.
Larissa Lai est écrivaine, critique littéraire et professeure de littérature à l'Université de Calgary. Elle est récipiendaire de plusieurs prix pour son oeuvre, notamment du Prix littéraire Lambda pour la fiction lesbienne (2018) et du Prix Jim Duggins Outstanding Mid-Career Novelist (2020). Le fruit de la puanteur ( Salt Fish Girl, 2002) est son premier livre traduit en français. larissalai.com
J'appelle théories caraïbes les groupes d'hommes en larmes, nègres marrons affolés d'amour qui, d'une rive à l'ature, jettent leur langue nationale dans l'eau salée, dans la bouche ouverte, sans fond, de l'abysse.
" Voilà notre patrie ", disent-ils, dans le patois des colonies. Parole d'eau salée, étrangère à la langue et comme incantatoire, qui ne cesse de la rendre plus profonde, à mi-chemin de l'origine et du monde. Et le poète ajouta : " Le drapeau va au paysage immonde et notre patois étouffe le tambour. ".
Métaspora essai sur les patries intimes J'appelle métaspora la perversion digitale de la nostalgie. En plus d'être une expérience du don et de l'émotion, la métaspora est aussi une catégorie esthétique, un emblème du Beau.
La métaspora, par ses effets
Rêves de drones et autres entropies rassemble treize des meilleures nouvelles de science-fiction de Rich Larson, dont laplupart sont publiées pour la toute première fois en français. Cette parution marque un moment-phare dans l'histoire dela science-fiction canadienne. Larson, jeune prodige de la science-fiction, nous invite dans ses univers futuristes qui nous incitent à réfléchir aux mondes qui nous façonnent - et à ceux à venir. Kaléidoscope des possibles réalités de demain, ce livre offre de voyager, de récit en récit, sur la ligne du temps de l'humanité, afin de mieux découvrir l'essence de ce que nous sommes. Une marchande d'air rencontre l'amour de sa vie, malgré les masques et le manque de rapports sociaux. Dans un café, un ordinateur sert de portail entre deux dimensions. Des humains font corriger leur vision afin d'améliorer leur réalité. L'équipage d'un vaisseau nouveau genre disparaît sans laisser de traces apparentes. Une fillette est la seule à remarquer quelque chose de bizarre dans le ciel. Un robot aspire à devenir humain. Un train effectue le même circuit dans le désert depuis des années, en attendant que les humains dont il a la responsabilité se réveillent. En abordant, chacune à leur manière, des thèmes comme l'amour, la vie en société, l'éthique, la technologie, la vieprivée, l'épistémologie et l'environnement, les nouvelles qui composent ce recueil portent un regard critique et introspectif sur la nature de l'être humain. Rich Larson nous propulse dans les confins de l'humanité, dans les déserts radioactifs du futur, là où seules les machines réussissent à contrer leur destinée.
Avec Troubles, nos ombres, Jennifer Bélanger aménage un espace sécuritaire où peuvent s'exprimer librement les personnes LGBTQ2IA+, hors des injonctions au bonheur et à la célébration. Ici, les ombres sont invitées à troubler la parole, avec leurs bagages remplis d'enfances difficiles, de traumatismes sociaux, de violences conjugales et de blessures encore vives qu'il importe de nommer pour valoriser nos expériences singulières, plurielles, complexes.
Avec des textes de Étienne Bergeron, Julie Bosman, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Martine Delvaux, Sandrine Galand, Maude Lafleur, Maël Maréchal, Roxane Nadeau, Mélanie O'Bomsawin et Justina Uribe.
Récit poétique autoréflexif aussi sensible que démesuré, ce livre au genre inclassable interroge le corps de Pascale au prisme d'images mimétiques et de reflets déformants. Chaque fragment se déploie comme une petite installation qui interroge la présence dans toutes ses contradictions, une présence pleine d'affects, de paillettes et de latex donnant des formes kaléidoscopiques et excessives à la beauté. Écriture-performance et collage de bouts de soi, Trop de Pascale n'est pas qu'un livre. C'est un événement.
Novembre, un soir de neige et de violence. Dans un appartement de Montréal, une rencontre qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Le quotidien bouleversé par l'arrivée d'un être venu apporter la peur en cadeau.
Quelques mois plus tard, depuis le fond de sa cellule, Mino Torrès décharge son fiel. Quant à Ariane, c'est entre Munich et Berlin qu'elle renoue avec ses sens.
Deux versions complémentaires d'un brusque corps à corps.
Pour souligner les trente ans de la disparition de Clarice Lispector (Ukraine 1920-Brésil 1977), voici la réédition revue et augmentée de Rencontres brésiliennes. Paru d'abord en 1987, ce livre accessible et vivant se visite comme un cabinet de curiosités : extraits d'entrevues accordées par la romancière à la presse de son pays, photos, lettres, fragments de nouvelles et de manuscrits parfois inédits. Conçu et réalisé par Claire Varin, Rencontres brésiliennes nous conduit à la rencontre d'une des grandes voix de la littérature du XXe siècle, d'une oeuvre qui a suscité l'admiration d'écrivains tels que Julio Cortazar, Alain Robbe-Grillet, Hélène Cixous.
Je mets mes souliers. Je n'ai pas le temps de les attacher. Je cours jusqu'aux toilettes et je vomis. Je pleure aussi. Comme un enfant. En criant. Exténué. Il n'y a pas de nausée. Mais je ne peux m'empêcher de vomir. Je fais beaucoup de bruit. Je remplis
Paru il y a 175 ans, en 1837, " The American Scholar " de Ralph Waldo Emerson (1803-1882) est le texte fondateur de l'identité culturelle états-unienne. Les États-Unis en avaient alors assez de se " nourrir des restes flétris de moissons étrangères ", ainsi que l'écrivait Emerson. Or, nous aussi " avons trop longtemps prêté l'oreille aux gracieuses muses de l'Europe ". Accompagnée d'une présentation et de notes abondantes, la présente traduction permet de retracer les voies qu'ont prises les hommes de lettres des États-Unis du XIXe siècle pour définir l'identité culturelle de leur nation - et peut-être de déterminer ce que pourraient être, aujourd'hui, les voies d'une ouverture de la culture québécoise à ce qui la lie à l'expérience continentale américaine.
Novembre 2007, l'écrivain et compositeur Antoine Ouellette est diagnostiqué Asperger, un syndrome appartenant au spectre autistique. Dans cet ouvrage, l'auteur témoigne de son expérience et offre une visite guidée du monde autiste. Il souhaite aussi informer et sensibiliser sur un sujet tabou, la « folie », afin de donner un message d'espoir aux personnes marginales et marginalisées de notre société. Les autistes fascinent, troublent et dérangent. Victimes de préjugés (non, l'autisme n'est pas une déficience intellectuelle), d'intimidation dans les écoles, de discrimination dans la vie adulte : on voudrait tant les guérir de qui ils sont ! Mais qu'est-ce vraiment que l'autisme et le syndrome d'Asperger ? Comment cela se vit-il au quotidien ? Quelles sont les faiblesses et aussi les forces de l'autisme? Comment un autiste peut-il s'exprimer en art? La science commence à réaliser que l'autisme serait non une maladie mais une autre forme d'intelligence, porteuse d'une culture et de valeurs différentes. Leur nombre étant en augmentation, les autistes pourraient représenter l'amorce d'un changement évolutif dans l'histoire humaine. Encore faudrait-il que l'acceptation soit au rendez-vous, ce qui ne sera pas donné.
Préfacé par le Dr LAURENT MOTTRON, psychiatre de renom et spécialiste de l'autisme.