«Tout à coup j'ai pensé que la vie était belle. Pas belle comme quelque chose que tu observes dans une vitrine et qui ne t'appartient pas, qui ne t'appartiendra jamais et qui te nargue et te dis "Ce n'est pas pour toi, petit"; belle comme quelque chose de sanglant qui te tombe dessus par hasard, qui t'écorche, mais c'est ça la vie quand tu en es le centre, qu'il se passe quelque chose et que cela t'arrive à toi, tu peux dire alors qu'elle est belle, la vie.» «Si tu passes la rivière, si tu passes la rivière, a dit le père, tu ne remettras plus les pieds dans cette maison». C'est ainsi que commence la poignante histoire de François, jeune paysan naïf et ultra sensible en quête de vérité et de liberté. Prisonnier de son milieu familial rigide et fermé, il passe le plus clair de son temps à garder les cochons auxquels il parle et se confie.
Avec ce premier roman, Geneviève Damas dépeint d'une manière très juste un univers rempli d'humanité, de compassion et de silences.
Après une licence en droit, Geneviève Damas s'est tournée vers différents métiers du théâtre. Comédienne dirigée par les meilleurs metteurs en scène, metteure en scène elle-même, elle a écrit une quinzaine de pièces qui lui ont valu plusieurs prix. Avec Si tu passes la rivière, son premier roman, elle a remporté deux prix littéraires prestigieux: le Prix Rossel 2011 et le Prix des cinq continents 2012.
Les présidents américains affirment vouloir défendre la démocratie, la liberté et les droits humains partout dans le monde. Pourtant, si la politique étrangère américaine a souvent servi de garde-fou aux visées expansionnistes de certains régimes autoritaires, elle est aussi marquée par des actions illégitimes ou illégales ainsi que par des échecs militaires - en particulier pendant la guerre froide - et des interventions humanitaires catastrophiques au début des années 1990. Les thèmes de cet ouvrage ont été choisis parce qu'ils reflètent à la fois la puissance américaine - le plus souvent militaire - et les limites de cette puissance. Karine Prémont est professeure de politique américaine à l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke et directrice adjointe de l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM.
Avant les années 1930, l'Allemagne, et en particulier sa capitale, Berlin, était l'un des endroits les plus tolérants envers les homosexuels. Des militants comme Thomas Mann et Albert Einstein ont ouvertement milité pour les droits des gais. Mais tout cela change quand le Parti nazi arrive au pouvoir. La vie des homosexuels devient alors rapidement un enfer : raids, arrestations, emprisonnement et expulsions deviennent monnaie courante. Lorsque les camps de concentration sont construits, les homosexuels sont emprisonnés en même temps que les autres groupes que les nazis veulent supprimer. Le triangle rose, cousu sur les uniformes des camps, devient ainsi le symbole de la persécution des homosexuels, une persécution qui continuera pendant de nombreuses années après la guerre. Ken Setterington relate ces événements à travers un mélange de recherches historiques, de témoignages et de récits individuels, avec l'espoir que ces histoires de bravoure devant la cruauté et d'amitiés trouvées dans les profondeurs du désespoir sauront à la fois éduquer et inspirer les futures générations. Ken Setterington est conteur, auteur, critique de livres pour enfants et bibliothécaire. Il a été membre de nombreux comités d'attribution de prix littéraires.
Après dix années passées dans l'antre de la bête, un intervenant nous ouvre la porte de son centre de répit pour toxicomanes, avec sa sonnette stridente et sa vitre pare-balles, sa lasagne, ses larmes et ses espoirs fous, malgré tout. Au contact de multiples vies marquées par la rue, la consommation, l'abandon, Olivier nous entraîne dans leur univers déconstruit. Chronique fabriquée, mémoires imaginaires, impossibles chevauchées dans les rues de Montréal, ces récits sont ceux d'un intervenant à tout jamais transformé par les moments surréalistes qu'il a partagés avec ces êtres plus grands que nature, pendant un petit vingt-quatre-quarante-huit heures. Et de toutes les fois où il a reconnu une part de lui-même en eux.
L'alimentation touche au quotidien et à l'identité des gens du pays. Or, lorsqu'il est question de l'alimentation d'autrefois, ce quotidien est souvent perçu comme terne et sans saveur. Erreur ! Car l'alimentation en Nouvelle-France, comme ailleurs, varie au gré des couches sociales, des saisons, du climat et des prescriptions religieuses et change avec l'amélioration des techniques agricoles. Elle est aussi marquée par le contact des diverses civilisations qu'elle côtoie, tant autochtones qu'anglo-saxonnes. Prêts à emprunter aux Amérindiens des ingrédients qui assurent leur survie, les colons français s'empresseront, aussitôt leur modèle culturel alimentaire bien implanté, de rejeter radicalement ces aliments. Plus tard, au contact des Britanniques et des loyalistes, les « Canadiens » connaîtront de nouveaux goûts et adopteront de nouveaux produits. Bref, l'alimentation coloniale évolue, de sorte qu'on assiste à la naissance non pas d'une alimentation traditionnelle, mais de traditions alimentaires. Histoire de mieux vous faire savourer ce bref survol des pratiques alimentaires des xviie et xviiie siècles, Yvon Desloges l'a épicé de quelques peintures d'époque tirées du répertoire européen. Hérésie ? Non, puisque arbres fruitiers et graines de semences, malgré une flore indigène abondante, proviennent du vieux continent. Et comme l'alimentation est d'abord affaire de cuisine, vous êtes aussi conviés à explorer et à expérimenter le goût de votre histoire à travers une quarantaine de recettes adaptées aux techniques et aux approvisionnements modernes.
Au début du XXe siècle, les papetières ont hissé les forêts québécoises au rang des richesses naturelles incontournables. Les rivières constituaient souvent l'unique moyen d'acheminer le bois vers les usines, en le faisant flotter sur des eaux tumultueuses. C'était aux draveurs d'accomplir cette tâche difficile. Les accidents étaient, hélas, monnaie courante. Si certains y ont laissé leur vie, tous voulaient la gagner. Raymonde Beaudoin brosse un tableau saisissant du quotidien des draveurs. À partir de leurs témoignages, elle décrit les manoeuvres des hommes dans les barges et le travail de ceux qui, sur la rive, remettaient les billots dans le courant. Loin du conte et de la légende, l'auteure propose une incursion dans un univers impensable aujourd'hui, un hommage à ces draveurs qui travaillaient de l'aube jusqu'à la nuit tombée. Originaire de Sainte-Émélie-de-l'Énergie, Raymonde Beaudoin a vécu une année dans un camp de bûcherons avec ses parents. Après une carrière comme enseignante, elle a publié au Septentrion La Vie dans les camps de bûcherons au temps de la pitoune puis Recettes de chantiers et miettes d'histoire.
À partir du milieu du XIXe siècle, l'Amérique du Nord est le théâtre d'une révolution industrielle qui transforme radicalement le visage de ses villes. En quelques décennies, les métropoles du continent s'imposent comme incarnations d'une modernité urbaine triomphante. De Montréal à La Nouvelle-Orléans, le développement des transports en commun ouvre la porte à un étalement urbain qui donne naissance à des quartiers bourgeois prestigieux, mais aussi à des quartiers chauds associés au jeu et à la prostitution. De Toronto à New York, experts, architectes et politiciens tentent de faire sens du chaos urbain pour s'enrichir ou sauver la ville d'elle-même. De Vancouver à Chicago, parcs et boulevards, gratte-ciels et espaces publics sont construits et aménagés pour célébrer la grandeur des cités du Nouveau Monde. Et dans l'ombre de chacune d'entre elles, il y a ceux et celles qui luttent contre les inégalités qui s'y accentuent et y persistent.
Ce livre est un atlas historique des lieux imaginaires de l'Amérique du Nord au XVIe et au début du XVIIe siècle. Il traite d'endroits remarquables représentés sur des cartes géographiques pendant de longues périodes, souvent décrits dans les textes qui les accompagnent et dont, pourtant, on a compris un jour qu'ils n'existaient pas. À en juger par les cartes et les livres anciens, ces lieux ont tous les atours de l'existence. Toutefois, cette existence est sans substance, produit d'une propagation atypique de l'information et des multiples biais cognitifs qui influent sur la représentation du monde.
Depuis toujours le pôle Nord fascine. Territoire hostile, ce nest quau xxe siècle que les explorateurs atteindront cette destination mythique. Et pourtant, en 1595, le génial cartographe flamand Gérard Mercator publie, dans son atlas mondial, une planche
Les pêcheurs de la France atlantique ont alimenté une population aussi nombreuse que mobile qui exploitait les richesses du Nouveau Monde. Ces visiteurs saisonniers ont pendant le XVIe siècle défriché avec ardeur les hauts bancs du golfe du Saint-Laurent ou bien dressé des installations sommaires sur les côtes de la colonie. Leurs navires s'en retournaient chargés de morues, d'huile de baleine et même de fourrures. Leurs fils les ont suivis et commencèrent à s'installer en Amérique. Parmi ces premiers exploitants, les Basques ont marqué l'imagination de nos contemporains. On les a vus comme d'intrépides gueules d'embrun. On les a imaginés en hardis marins sillonnant les mers sur des coquilles de noix, en audacieux baleiniers qui s'en prenaient à des cétacés des centaines de fois plus gros qu'eux, en de farouches corsaires qui harcelaient les équipages étrangers, mais la vérité se veut plus nuancée. Ce livre témoigne des grandes activités économiques qui les ont amenés et retenus en Amérique. Il veut aussi montrer la richesse et la diversité de cette expérience en Nouvelle-France.
Historien intéressé au domaine maritime canadien, Mario Mimeault a participé à de nombreuses émissions de télévision portant sur le sujet et publié des articles dans des revues scientifiques ou de vulgarisation. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et monographies, dont quelques biographies d'entrepreneurs en pêche du XIXe siècle et de l'Histoire de la Gaspésie en bref. En 2000, on lui décernait le Prix du Gouverneur général du Canada pour l'excellence en enseignement de l'histoire canadienne. Il termine actuellement un doctorat en histoire à l'Université Laval.
Le 19 juillet 1629, Champlain et son fidèle compagnon François Gravé, sieur du Pont, signent l'acte de capitulation de Québec. Fait prisonnier par les frères Kirke, des corsaires anglais, Champlain est transféré à Londres, avant de rentrer en France. À Paris, il s'emploie à permettre la récupération de Québec et de l'Acadie, tombée entre les mains de l'Écossais William Alexander. Malheureusement pour Champlain, le roi Louis XIII ne tarde pas à le disgracier: on le soupçonne d'avoir facilité la chute de Québec.
Humilié, il se bat, la plume à la main, pour retrouver l'estime de son roi. Il rédige une histoire de ce que les Français ont entrepris en Amérique du Nord depuis Jacques Cartier et montre que, contrairement à ses prédécesseurs, il a, lui, réussi à y bâtir une Nouvelle-France, de 1603 à 1629. S'il a dû abandonner Québec aux Anglais, c'est parce que la cupidité des marchands huguenots l'a privé des moyens de faire prospérer la colonie française, et non parce qu'il a démérité.
Ce dernier grand livre de Champlain est paru en 1632. Grâce à Éric Thierry, il est désormais possible de le lire intégralement en français moderne et de découvrir, au fil de l'introduction et des notes, les dessous de la disgrâce du père de la Nouvelle-France. Champlain a été la victime de la volonté d'expansion de l'Angleterre de Charles Ier, mais il a aussi pâti des divisions de la France de Louis XIII, encore en proie aux guerres de religion, et des agissements de l'entourage du cardinal de Richelieu, désireux de lui faire payer chèrement ses affinités avec le parti des dévots.
Né en 1964, Éric Thierry enseigne l'histoire et la géographie au Lycée Paul-Claudel de Laon. Docteur de l'Université de Paris-Sorbonne, il est l'auteur d'une biographie, Marc Lescarbot (Honoré Champion, 2001), qui a été couronnée par l'Académie française, et de La France de Henri IV en Amérique du Nord (Honoré Champion, 2008). Il a déjà publié, dans la collection V, deux tomes des oeuvres de Champlain en français moderne: Les Fondations de l'Acadie et de Québec (2008) et À la rencontre des Algonquins et des Hurons (2009).