Mes amis (1924) est le premier roman d'emmanuel bove (1898-1945), né à paris d'un père russe.
Le roman connut un succès enviable au moment de sa parution, avant de tomber dans l'oubli avec son auteur, mort prématurément en 1945. aujourd'hui traduit en plusieurs langues, mes amis est non seulement considéré comme l'une des plus belles réussites littéraires du xxe siècle, mais il demeure toujours aussi actuel.
Dans le contexte des années 1920, oú le genre romanesque traversait une crise importante, mes amis proposait à sa manière un renouvellement en profondeur du roman psychologique.
Au moyen d'une écriture qui dose subtilement l'observation du " détail vrai " et le regard complaisant du personnage sur soi, le romancier donne à voir la complexité des sentiments qui animent victor bâton dans sa quête d'amitié. au-delà de cette quête, bâton revendique un droit à la distinction et à l'exemplarité, et dans l'univers tourmenté et velléitaire de bove, rien ne semble aussi grand qu'une certaine souffrance morale.
publié en 1926, armand est l'un des romans les plus étonnants de la modernité de l'entre-deux-guerres.
à la suite du succès de mes amis, premier roman d'emmanuel bove, armand venait confirmer les dons exceptionnels du romancier pour la qualité de l'observation psychologique et la finesse avec laquelle il sait débusquer les tensions et les rivalités sous la moindre parole, dans le moindre geste. chez bove, même les silences parlent. l'intrigue est simple : armand habite avec jeanne, mais il désire marguerite, la jeune soeur de son ami lucien.
cependant, l'intérêt est dans la manière de dire les choses de telle façon que se trouve suggéré un curieux déterminisme qui con-duit le héros à valoriser le malheur plutôt que le bonheur. faire son malheur est une chose, le désirer en est une autre ; le premier choix répond à l'interrogation " comment ? " (séduire marguerite), tandis que le second dévoile la question sous-jacente " pourquoi ?". c'est dans cette question que se trouve tout l'art du romancier, qui est de montrer au lieu de dire, qui est de feindre au lieu de peindre.
bove, c'est l'art du subjectif, de la pensée souterraine, qui fait que toute relation est foncièrement caractérisée par le malentendu.
La France littéraire du début des années 1920 connaît un engouement sans précédent pour le roman d'aventures.
On ambitionne alors un roman d'aventures français qui renouvellerait le genre et égalerait les grandes réussites anglo-saxonnes : la France cherche ses Stevenson et ses Conrad ! Si l'histoire littéraire a retenu les noms de Blaise Cendrars, Pierre Mac Orlan, Joseph Kessel, André Malraux et Antoine de Saint-Exupéry, elle a longtemps passé sous silence cette « vogue du roman d'aventures », ainsi que la nomme alors la presse culturelle. Le roman d'aventures littéraire des années 1920-1930 est le point culminant d'une pensée littéraire chargée d'angoisse et d'érotisme qui, du symbolisme à l'existentialisme, n'a cessé de questionner les jeux et enjeux de l'action et du rêve dans le roman.
La présente étude propose de retracer l'histoire de ces enjeux et d'examiner, de 1918 à 1939, du Chant de l'équipage de Mac Orlan aux Figurants de la mort de Roger de Lafforest, un ensemble de romans d'aventures qui tous partagent cette mystique moderne de l'aventure.
L'aventure, le rêve et l'érotisme ont encore beaucoup à nous apprendre !
« Houellebecq poète ? Indéniablement - et même plus que romancier. Ses poésies sont de celles qui forcent à penser les limites du poetically correct. » Cet essai est le tout premier livre entièrement consacré à l'oeuvre poétique de Michel Houellebecq. Les poèmes écrits par l'auteur français le plus lu et médiatisé du moment sont étonnamment méconnus. Et pourtant, la poésie houellebecquienne, écrite dans une langue simple et d'emblée compréhensible, a tout pour piquer la curiosité des lecteurs d'aujourd'hui.
Peut-on encore parler du roman français au singulier aujourd´hui ? Une recherche attentive sur les esthétiques principales ou singulières du roman dit de l´extrême contemporain permet de constater qu´aucune école ou aucun groupe ne domine l´univers romanesque, et qu´aucun mouvement n´impose profondément sa marque sur la scène littéraire. Cela ne signifie pas pour autant qu´il ne reste que des oeuvres disparates et qu´il soit impossible d´organiser une cohérence en arrêtant des corpus.
Dans de tels cas, c´est moins chercher du côté d´un projet romanesque bien circonscrit que du côté de certaines pratiques transversales. Dans cet ouvrage collectif, le point de départ ne consiste pas à se demander si le roman conserve une pertinence en tant que témoin privilégié de la littérature aujourd´hui - cela semble relever de l´évidence -, mais plutôt à identifier ce qui lui confère cette légitimité.
Cet ouvrage vise aussi à appréhender la notion de contemporanéité à partir de la littérature, du roman. Plus globalement, sans tenter d´offrir un vaste panorama du roman français d´aujourd´hui, son objectif consiste à mieux saisir la pertinence du roman grâce à un ensemble d´études conçues à partir d´axes précis (les idées, le réel, le jeu, le soi) sur les possibles du roman, qu´il adopte une forme fragmentée ou théâtralisée, qu´il préconise un savant collage ou un métadiscours narrativisé, qu´il puise abondamment dans l´autobiographie ou l´essai. Le postulat au fondement de cet ouvrage défend l'idée qu´il existe des romans français importants ou singuliers à notre époque et que nous devons les découvrir et mieux les comprendre.
Tout le monde converse, constamment. Tout se dit, mais l'on ne dit pas tout. On ne parle pas aujourd'hui des mêmes choses qu'hier, et on n'en parle pas de la même façon dans toutes les sociétés. Il y a des sujets privilégiés et des manières valorisées de les aborder. Les conversations quotidiennes, de l'échange le plus banal à la discussion décisive, sont donc « travaillées » par l'ensemble des manières de faire, de dire, de réagir que l'on tient collectivement pour bonnes, convenables et signifiantes. Plus largement, ces échanges constituent le grand flot constant de la socialisation, de la reproduction des rapports sociaux, bref, la société même. Celle-ci d'ailleurs, qu'est-elle d'autre, au fond, que ces milliers d'interactions quotidiennes qui reproduisent inlassablement, jour après jour, de manière assez banale, nos rapports à nous-mêmes et aux autres ?
Les textes ici rassemblés traitent de la philosophie de Marx, non du marxisme.
On y croisera deux grandes manières de nouer dialogue avec elle. La première consiste à situer les intentions premières de l'oeuvre et à interpréter les grands textes pour en abstraire et discuter les concepts clés. Il s'agira ainsi d'éclairer le rapport de Marx à la métaphysique, d'élucider sa compréhension phénoménologique de la pratique, de préciser sa théorie de l'aliénation dans l'oeuvre de maturité et de reconstruire la conception de la marchandise qui s'y épanouit.
La seconde approche invite plutôt à revisiter les concepts en fonction des préoccupations disciplinaires actuelles. C'est ainsi que les notions marxiennes de capital financier et de travail social sont discutées en regard des problématiques contemporaines de la sociologie économique et de la sociologie du travail. Dans le même esprit, l'ouvrage se termine par l'examen critique du Marx de Michel Henry en fonction des exigences propres de la phénoménologie contemporaine.
Quelles que soient les positions défendues par chacun, tous rendent ici hommage à l'incontournable actualité de l'oeuvre philosophique de Marx. Avec des textes de Manfred Bischoff, Olivier Clain, Franck Fischbach, François L'Italien, Eric Pineault, Michel Ratté et Jean Vioulac.
Le peintre surréaliste belge René Magritte (1898-1967) a produit une oeuvre dont la qualité, l'étendue, la complexité et la forte structuration rendent particulièrement intéressante son étude dans le cadre d'une recherche sur le sens des mots en contexte d'images, et vice versa, ainsi que sur le sens des images en elles-mêmes. Les mots du peintre ont été nombreux et diversifiés, qu'il s'agisse des titres, auxquels il accordait une importance considérable, ou des mots peints dans de nombreuses oeuvres, dont la célèbre légende « Ceci n'est pas une pipe » est un exemple. Les images de Magritte, quant à elles, s'offrent comme une représentation du « mystère », lequel est suscité par le choc sémantique interne aux images ou par le choc entre une oeuvre qui dit une chose et un titre qui dit tout autre chose. Le sentiment que ce contraste provoque, au sein de l'image et du texte à l'image, est celui de l'absurde sémantique. C'est la logique du mystère magrittien, que les travaux du présent livre tentent de restituer.
Visant à renouveler les perspectives et les regards sur l'oeuvre de Magritte, cet ouvrage réunit les contributions d'une vingtaine de chercheurs qui s'attachent à décrire et à suivre les parcours expressifs et sémantiques du mystère magrittien. Les textes s'articulent autour d'un projet faisant appel à une approche inédite du corpus du peintre : une technométhodologie fondée sur l'exploitation de la base de données Internet Magritte. Toutes les oeuvres, tous les thèmes (www.magrittedb.com). Les analyses proposent une diversité de points de vue disciplinaires sur le corpus (histoire de l'art, littérature, linguistique, informatique, etc.), dont la complémentarité est fédérée par la sémiotique, science des signes et du sens.
Avec des textes de : Sémir Badir, Marcella Biserni, Joan Busquets, Stefania Caliandro, Francesca Caruana, Marie-Julie Catoir-Brisson, Francis Édeline, Olga Galatanu, Marie Godet, Émilie Granjon, Nicholas Hauck, Louis Hébert, Odile Le Guern, Pascal Michelucci, Ginette Mortier Faulkner, Joëlle Réthoré, Vanessa Robinson, Georges Roque, Éric Trudel et Martine Versel.
Le bouddhisme, devenu une véritable mode aujourd'hui, est une doctrine millénaire dont la découverte, tardive en Occident, remonte au début du XIXe siècle. Cette découverte aurait entraîné une seconde Renaissance dans l'histoire culturelle de l'Occident dont les échos retentissent jusqu'à nous et dont les effets restent encore à évaluer, du côté littéraire en particulier. Voilà ce que propose d'explorer cet essai par la relecture de trois piliers du roman français, Balzac, Flaubert et Zola, dépeints ici en Bouddha. Le travail de tout grand romancier, comme celui du Bouddha, n'est-il pas de lever le voile, de tirer le rideau qui obstrue notre vision du monde et de la réalité ?
L'objet de cet essai porte sur les témoignages de personnes qui ont vécu l'horreur des camps nazis et qui en sont revenues. Celles et ceux qui en reviennent peinent à se définir comme des survivants : ce sont des spectres, des revenants, hantés par le souvenir des morts qu'ils ont laissés derrière eux.
Ce livre a été écrit sous le signe de la hantise, celle des témoins en premier lieu, mais aussi la mienne. Écrire ainsi sous le signe de la hantise affecte l'écriture elle-même, et c'est précisément cela qui m'intéresse ici : ce quelque chose qui résiste, échappe à l'auteur comme au lecteur et se transmet à travers le témoignage. Le travail d'analyse et d'interprétation se situe donc constamment dans un entre-deux, à la limite du savoir et du non-savoir, du désir de compréhension et de l'aveu d'ignorance, de la maîtrise cérébrale et de la déroute affective.
La performance de la lecture comporte dès lors un nécessaire échec, sans lequel on n'arrive à rien, sans lequel ce travail sous le signe de la hantise ne s'accomplit pas. En choisissant de nous laisser hanter par le savoir spectral du témoignage, nous pouvons ainsi advenir en tant que témoins.