Troisième recueil d'un triptyque sur les possibilités du poétique face à l'horreur et à la détresse, Exercices de joie prend le risque de la tendresse en choisissant la douceur comme arme de combat. Dans une écriture fluide qui alterne entre prose et vers, les poèmes explorent la notion de joie, non seulement comme quête d'apaisement, mais comme responsabilité à l'égard des autres : le souci de leur apporter espérance.
Louise Dupré signe ici un livre courageux dans lequel, indignée, lucide, elle trace le mouvement allant des chambres à gaz à la chambre de l'enfant des proximités. Côtoyant l'horreur, elle ne sombre pas dans le cynisme. Bien au contraire entretient-elle un espoir qui s'incarne dans la vie même. Certaines histoires exigent en effet « des échelles plus hautes que les flammes », la vie n'étant pas qu'un enfer.
Une écriture vive, un vers bref porté par une phrase qui a l'amplitude des vents majeurs, soufflant sur le feu des plaies brûlant dans les fourneaux, comme une réponse de poète.
Que vous cherchiez à nourrir votre élan créateur, à trouver votre voix par l'écriture ou à développer un art de vivre, le boîtier Vivaces offre un accompagnement qui soutient l'interrogation du présent à partir de l'oeuvre de la poète et essayiste Louise Warren. Grâce aux possibilités multiples de ces 99 cartes poétiques et de leurs associations, laissez libre cours à votre intuition et à vos interprétations. Cet atelier mobile de lecture et d'écriture tout à fait innovateur peut se pratiquer seul·e, à deux ou en groupe.
Dans ce recueil d'abord paru en suédois, Tua Forsström réfléchit sous la forme de notes à propos de la perte d'une petite fille. La tragédie lui ayant fait perdre la parole, elle la retrouve finalement grâce à la poésie. À travers des tableaux forestiers et aquatiques, en empruntant tantôt la voix de l'enfant puis celle d'autres poètes, la pensée imaginaire devient la stratégie de survie et de deuil de la narratrice. C'est ainsi que l'amour se fraie un chemin parmi les mousses où les pieds s'enfoncent, et que les décors naturels et oniriques bercent le lecteur ou la lectrice.
Des formes utiles est un recueil de vaillance et de veille. Il est le côté face du vide et des manques, du froid et de l'oubli. Ce à quoi le coeur résiste ou cède. Et il est tout autant, depuis l'entaille profonde, à coup de questions, d'étonnements et de rêves, ce que, de l'être et du comment, les mots donnent à voir ou à taire. Peut-être ce à quoi les vents nous préparent.
Accompagné de cercles réalisés au crayon par la poète, le recueil donne à voir son avant-poème, sorte de lexique monoculaire où se font et se défont les formes à venir. Hypnotique, l'écriture de Martine Audet poursuit son travail d'orfèvrerie dans les sinuosités de la langue et de notre rapport au monde.
Dans Tous les oiseaux sont ici, Cynthia G. Renard se promène dans la forêt tatouée de son enfance avec un corps femelle en constante métamorphose. C'est la nuit, le monde est incertain et chaotique, elle s'envole dans un univers de rêve où des personnes animales de plumes, de fourrure et d'écailles l'accueillent, où les arbres lui parlent et la réconfortent. Les frontières n'existent plus entre elle et le monde, elle est le papillon, le scintillement de l'étoile et les quenouilles.
Ses mots sont des oiseaux qui chantent tels les huards à la tombée de la nuit.
Comment habiter un temps défolié comme un arbre nu ? Le recueil Forêt en chambre expose un parcours arborescent où dominent l'érotisme et l'amour; où la perte et le deuil deviennent un gage de création. En convoquant la voix de la poète yiddish Rachel Korn, les poèmes racontent des trajectoires et des quêtes où la subjectivité féminine se déploie dans le mouvement du désir et dans la richesse de l'intime, des arbres de la Galicie aux arbres du Mont-Royal, puis de la forêt à la chambre, en sondant les fissures du tronc et les déchirures de l'écorce, jusqu'à offrir « rocaille fauve / une parole cousue main ».
De la pointe Est de la Nouvelle-Écosse jusqu'à Terre-Neuve, deux voix racontent le traversier, les nuits au sol, les plats nouveaux, en empruntant à l'anecdote les codes de la grande histoire. Livre d'artiste au souffle long, MONUMENTS propose un récit de désirs et d'aventures, naviguant du territoire réel à son occupation fantasmée.
Dans une maison bleue auprès de la mer, une voix se construit hors du monde. Après avoir été contrainte au silence par un système conçu pour faire taire, cette voix choisit délibérément sa disparition. Cet essai poétique crée un dialogue entre les études féministes et les poétiques de la nature, pour explorer le retrait comme moyen de survie, comme tentative de soigner la blessure afin d'habiter à nouveau le corps et l'écriture.
S'animer et embraser, enlacer ou s'éteindre, croître, réchauffer, puis disparaître : ces gestes que nous expérimentons chaque jour dans le monde, le feu s'en fait le miroir circonspect. À la fois objet et rêverie, exercice de fascination et nécessité de vigilance, le feu nous expose à sa lumière et à sa force. Mais au moment où nous nous en approchons, il s'échappe, impossible à contraindre, ne laissant que le spectacle de sa liberté qui est aussi celui de sa violence et de sa fuite.
À l'intérieur d'une petite boîte, trois avortons, trois disparues fantasmées, surnommées crevettes, vivotent. Non-mère de cette non-vie, la narratrice choisit le vide du ventre afin d'échapper au destin tragique de celles qui l'ont précédée. Car au bal des absentes, la mort rôde inlassablement. Recueil de deuil, de colère et de compassion, Adieu les crevettes est une reprise de pouvoir sur les rouages filiaux qui enchaînent, une ode à l'amour maternel et à la liberté de choix.
Livre de l'éclipse, À mon retour écrit la perte dans sa forme soudaine, cyclique, comme les astres se débattent chaque seconde contre le noir. Une femme ferme une valise. Une plante inconnue pousse dans l'évier du lavabo. Qui croit encore aux souvenirs ? Le monde poursuit sa trajectoire sans reconnaître les visages aimés ni les anciennes conversations. Au détour d'un désastre quotidien, la joie fuit puis revient, tel un animal qui s'échappe.
Nous le lac est un récit autobiographique, des origines prénatales à l'âge des constats. Comme autant de variations sur le thème de la dépossession, ce portrait de famille et de l'intégration sociale recrée les lieux de passage vers un devenir femme qui ne va pas de soi.
Premier recueil de la poète Evelyne Gagnon, Incidents (et autres rumeurs du siècle) met en scène une traversée dans les hécatombes d'un monde sur le point du vacillement. Si l'écriture explore ce qui divise, inquiète, au gré des dérives quotidiennes, elle retrace aussi désirs et persistances. À même ces apocalypses ordinaires, la voix poétique cherche à rencontrer l'autre, à retrouver « le tintement d'un pelage », « un visage tendu » où elle saurait reconnaître le vivant. Dans un kaléidoscope de mélancolies chuchotées par le siècle, les poèmes créent des écarts au sein d'une langue usée et tremblante, reconstruisent des espaces où survivre, ailleurs, autrement.
Fresque spatiale et observatoire de l'immensité, Nuit noire déplie lentement la frontière entre les savoirs scientifiques et l'écriture poétique. Hanté par l'astronautique, la planétologie, l'astrophysique, un homme regarde le ciel, attentif aux confidences de l'obscurité qui s'agite. De Mars à Encelade, de Cérès à Montréal, la possibilité d'une rencontre anime les pas du poème dans ce voyage au coeur de l'infini cosmologique.