Mais il n'est rien qui puisse contenir les femmes amères nos viscères sont bridés d'euphories dévastatrices qui nous font roter quand elles remontent L'autrice poursuit son exploration poétique du désir, de l'identité, du rapport à l'autre dans un recueil d'une impudeur ardente, et élégante. Dans des vers incarnés qui mettent la lecture sous tension, la réaction - genrée, raciste, sociale - continue de brutaliser l'intellect. Et cette fois, le désir d'élévation et la figure du féminin transcendé, pour le meilleur et pour le pire, entrent en scène.
Depuis 1968, Gilles Cyr a élaboré une oeuvre poétique témoignant d'une constante attention au monde. Celle-ci relève moins de la contemplation que de l'étude, dimension très frappante dans ses carnets, où les notes n'ont toutefois rien de systématique : elles s'attachent librement aux personnes, aux lieux et aux choses, et souvent à la littérature, en particulier à plusieurs poètes admirés. Comme c'est le cas pour l'oeuvre poétique, la langue est ici rigoureuse, à la fois concise et subtilement rythmée. Au fil du temps, l'écriture des poèmes s'est transformée, en intégrant la légèreté et l'humour, qui ne remplacent pas la gravité initiale, mais s'y ajoutent et l'animent. On peut y voir une leçon de ces carnets, que le poète aurait suivie, et qui nous est maintenant proposée. François Dumont
Il y a un ton propre aux livres de Gilles Cyr, un ton à la fois sobre, léger, doucement moqueur. Devant ses lieux de prédilection, comme la Crète sur laquelle s'ouvre ce nouveau recueil, le poète se met discrètement en scène (« mon fameux sourire »), comme pour dire : ne vous occupez pas trop de moi, je ne fais qu'écrire, continuez à vivre comme si je n'y étais pas. Voix riches, voix sèches : d'un côté, une « baie hospitalière » ; de l'autre, les « sols les plus dégradés ». Ici, les arbres provoquant des « flots d'émotion brute » ; là, le goût des gâteaux « pas terribles ». De temps en temps, un rappel à l'ordre (« vous êtes toujours là ? »), ou un petit art poétique : « faire briller le résidu ».
Mon adieu est parfaitement rond, comme une noix de bancoule, aigre comme un calamondin.
Je le dépose sur un éclat de noix de coco, dehors, et comme une feuille tombée, il s'enracine dans les fibres, pousse et pousse et pousse.
Sensuel, contemplatif, ce recueil de Gillian Sze, composé après sa première découverte de l'Asie, est aussi une méditation sur l'écart qui peut se creuser entre des parents immigrants et leurs enfants, une description fine de la tension qui apparaît parfois quand ces derniers contemplent leur héritage depuis un autre lieu, et un autre temps.
Racontez-moi une origine / que je retrace parmi mes pas / l'écho des grincements de dents / blanc vinaigre / Le poète cherche à prendre à plein bras les failles et les doutes, les apories de filiation et l'émerveillement de pay-sages encore à construire. Dans une langue où courent des rires en chapelets, il apprivoise ses différentes mues. Pour que tout tienne, il lui faudra tisser une généalogie familiale et littéraire, et ne pas craindre quelques éboulement
La poète examine avec une sincérité féroce et un humour désespéré son, et notre, rapport à la nourriture.
Le sujet pourrait sembler limité. Il ne l'est pas du tout. Il y a, bien sûr, le lien direct et bien souvent aliénant avec l'image corporelle. Mais ça n'est là que l'une des formes de l'incidence de l'alimentation sur notre vie, personnelle et collective. Santé mentale, environnement, industrie, politique, culture, publicité, biologie : tout ça est présent dans Osti d'pain blanc, un recueil décapant en forme de cri rageur.
Dans son second recueil de poésie après le remarqué "Déjà la horde de chair se tait", Ariane Audet aborde avec l'éclair de son intelligence le lien entre maternité et maladie mentale. Dans une langue qui ne craint pas le lyrisme, elle aborde avec précision des zones peu arpentées en poésie. Féminisme et expérimentation formelle se conjuguent pour créer des images exigeantes, entêtantes, magnifiques.