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«Il a caressé des petits serpents très doux ; il parlait toujours. Le mégot brûlait son doigt ; il a pris sa dernière bouffée. Le premier soleil l'a frappé, il a chancelé, s'est retenu à des robes fauves, des poignées de menthe ; il s'est souvenu de chairs de femmes, de regards d'enfants, du délire des innocents : tout cela parlait dans le chant des oiseaux ; il est tombé à genoux dans la bouleversante signifiance du Verbe universel. Il a relevé la tête, a remercié Quelqu'un, tout a pris sens, il est retombé mort.»
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Les voilà, encore une fois : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère,Lindet, Saint-Just, Saint-André. Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze où est représenté le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l'an II et la politique dite de Terreur. Mais qui fut le commanditaire de cette oeuvre ? A quelles conditions et à quelles fins fut-elle peinte par François-Elie Corentin, le Tiepolo de la Terreur ?Mêlant histoire et fiction, Michon fait apparaître, avec la puissance d'évocation qu'on lui connaît, les personnages de cette « cène révolutionnaire », selon l'expression de Michelet qui, à son tour,devient l'un des protagonistes du drame. Grand Prix du roman de l'Académie française 2009
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«L'accouplement est un cérémonial - s'il ne l'est pas c'est un travail de chien.» Au début des années 1960, Pierre est nommé instituteur dans un village du Périgord, tout près de Lascaux. C'est son premier poste. Derrière le rideau gris des pluies de septembre, entre deux dictées, l'homme s'abandonne aux rêves les plus violents - archaïques, secrets et troubles - depuis qu'il s'est épris d'Yvonne, la belle buraliste. En elle réside la brûlure du désir, tout le mystère de la différence des sexes - l'origine du monde.
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«Qu'est-ce qui relance sans fin la littérature ? Qu'est-ce qui fait écrire les hommes ? Les autres hommes, leur mère, les étoiles, ou les vieilles choses énormes, Dieu, la langue ? Les puissances le savent. Les puissances de l'air sont ce peu de vent à travers les feuillages. La nuit tourne. La lune se lève, il n'y a personne contre cette meule. Rimbaud dans le grenier parmi les feuillets s'est tourné contre le mur et dort comme un plomb.»
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Vie du père Foucault ; vie de Georges Bandy
Pierre Michon
- Folio
- Folio 2 Euros
- 14 Mars 2019
- 9782072838699
Vieillard malade et silencieux rétif à la guérison. Homme d'Église autrefois flamboyant devenu alcoolique. Dans ces deux textes crépusculaires, Pierre Michon dépeint de sa plume rare deux existences fourbues, frappées de tragique et d'oubli. Deux Vies minuscules. «Il n'avait pas davantage d'attaches avec un terroir imaginaire : né en Lorraine, puis garçon meunier quelque part dans le Midi, il avait fini par échouer là, à la faveur peut-être d'une de ces bougeottes où des ouï-dire prometteurs et invérifiables jettent le menu peuple, d'un cousinage entre patrons, d'un hasard domestique.»
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Quand il arrive à Castelnau, un village au fin fond de la Dordogne, tout près de Lascaux, le narrateur a vingt ans. C'est son premier poste. Derrière le rideau gris des pluies de septembre, entre deux dictées, le jeune instituteur s'abandonne aux rêves les plus violents - archaïques, secrets et troubles comme les flots que roule, en contrebas des maisons, la Grande Beune. Dans ces contrées où se rejoue encore dans une forme ancienne l'origine du monde, le sexe sépare deux univers. Celui des hommes, prédateurs, frustes mais rusés - terriblement. Et puis celui des femmes, autour de deux figures que l'écrivain campe magistralement. Hélène l'aubergiste, mère emblématique, et Yvonne, à la beauté royale, qui suscite chez le narrateur une convoitise brûlante et toutes les variations d'un émoi qu'il nous fait partager au rythme de sa phrase : emportée comme un galop de rennes dans une ère révolue, retournée en une scène grotesque où des enfants exhibent l'animal vaincu, mordante ou fuyante comme le loup des peintures rupestres.