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Philippe Lancon
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«Je me souviens qu'elle fut la première personne vivante, intacte, que j'aie vue apparaître, la première qui m'ait fait sentir à quel point ceux qui approchaient de moi, désormais, venaient d'une autre planète - la planète où la vie continue.» Le 7 janvier 2015, Philippe Lançon était dans les locaux de Charlie Hebdo. Les balles des tueurs l'ont gravement blessé. Sans chercher à expliquer l'attentat, il décrit une existence qui bascule et livre le récit bouleversant d'une reconstruction, lente et lumineuse. En opposant à la barbarie son humanité humble, Le lambeau nous questionne sur l'irruption de la violence guerrière dans un pays qu'on croyait en paix.
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«Ma détresse est aussi une partie de la détresse universelle. Ma vie ne se réduit pas aux cris que jette un individu originaire de la bourgeoisie zurichoise, et à qui son éducation fut fatale ; elle se confond avec le hurlement peuplé de mille voix de tout l'univers où le soleil ne s'est plus levé.» Dans la bonne société zurichoise, au milieu des années 1970, un homme se meurt. Il a trente-deux ans. Mais ce qui le condamne, ce n'est pas tant le cancer qui l'accable que le poids d'obligations absurdes censées garantir les fondements de son existence et la reproduction de son milieu. À force de vouloir être respectable à tout prix, il a perdu le sens de la vie et tente de le reconquérir, in extremis, par l'écriture. Publié à titre posthume en 1976, Mars est l'unique texte de Fritz Zorn. Livre-culte pour toute une génération, il résonne toujours aujourd'hui comme un cri qui nous appelle à vivre.
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Le chien andalou et autres textes poétiques
Luis Bunuel
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 2 Juin 2022
- 9782072893858
Avant d'être le cinéaste universellement reconnu que nous savons, Luis Bunuel (1900-1983) a été dans les années 20, à Madrid puis à Paris, comme ses amis Garcia Lorca et Dali, un poète conséquent. Le recueil Le chien andalou auquel nous avons adjoint de nombreux textes, relève assurément au premier chef de l'univers surréaliste, insolent et libertaire, dont Bunuel prouve qu'il fut avant même la rencontre avec Breton et la réalisation des films L'âge d'or et Un chien andalou, un des plus justes interprètes.
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En 1973, Tom Wolfe inventait l'expression «Nouveau Journalisme» pour désigner ce type de reportage à mi-chemin du récit et du roman. L'auteur de L'Étoffe des héros, lui-même coutumier de cet effacement des frontières entre fiction et non-fiction, théorisait dans l'anthologie réunissant quelques-uns de ces «nouveaux journalistes» (Joan Didion, Norman Mailer, Hunter S. Thompson, Truman Capote, etc.) une écriture qui dans sa forme même se rapprocherait de la littérature mais dont le souci des faits et de leur véracité déterminerait son but : rendre compte du réel, raconter, enquêter, révéler. «Une investigation artistique», écrivait-il, tordant davantage deux termes qui de prime abord semblaient incompatibles.
Près de cinquante ans après ce manifeste du Nouveau Journalisme, Robert S. Boynton reprend le flambeau et en actualise le propos en exposant l'importance et la variété du journalisme littéraire contemporain. À travers une série d'entretiens avec les grands noms du reportage, de William Finnegan à Gay Talese, de Michael Lewis à Jane Kramer, l'ouvrage dessine un art du reportage comme l'on écrirait un art du roman. Qu'il s'agisse de Ted Conover exposant ses techniques d'immersion dans une prison d'État, ou d'Adrian Nicole LeBlanc racontant dix ans de vie avec une famille du Bronx, ces conversations à bâtons rompus avec des légendes du reportage forment un bréviaire passionnant du genre.
« Quels sont pour vous les éléments de base d'un bon récit ?
Les mêmes que pour la fiction : des personnages, un conflit, une évolution dans le temps.
Et une forme de résolution, si vous avez vraiment de la chance. Mais la vie ne fonctionne pas vraiment comme ça.» -
Depuis 2004, Philippe Lançon raconte, à la faveur de ses chroniques dans Charlie Hebdo, ce qu'il voit, ce qu'il pense et ce qu'il imagine : ici une rencontre dans un avion entre une bourgeoise et un banlieusard à casquette, là les confessions de Bernadette sur le plateau de Sophie Davant, là encore Catherine Deneuve dans un palais marocain, entourée d'une « cour de vieux critiques célibataires, venimeux et pâmés »... Des instantanés qui dessinent, avec humour et lucidité, les contours de notre société.
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C´est l´histoire d´une femme élégante et éduquée de Hong-Kong qui devient folle lors d´un voyage à Cuba. C´est l´histoire des raisons pour lesquelles elle y est allée. C´est l´histoire de l´effet de cette folie sur celui qui la raconte, l´imagine : ses souvenirs, ses amours, ses amis, ses rêveries. C´est l´histoire d´un homme dont le coeur est vissé à ces deux îles où rien n´aurait jamais dû le conduire, sinon l´obscur et capricieux désir de vivre l´instant, de n´en plus sortir, de l´écrire et d´aimer. C´est l´histoire de gens qui vivent à Hong-Kong, à Paris, à Cuba, en Inde. Ils sont seuls et voyagent parce qu´ils sont seuls. Ce sont des îles.
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Parra est mathématicien, Professeur. C'est l'un des grands poètes sud-américains. On lui a donné le prix Cervantes en 2011, ça ne l'a pas tué. Quand il écrit, c'est sans perruque, pas sans mâchoire : ses dents montrent la joie, le rire, la grimace, le dentier, le cadavre. La conscience ordinaire, celle de l'homme de la rue et de son langage, trouve une expression lyrique.