"Victor" est un récit de famille. Claudie Gallay y écrit l'histoire de son grand-père, abandonné lorsqu'il était enfant, et y dresse, en filigrane et au gré des narrations familiales, le portrait fictif ou réel de son arrière-grand-père, Victor. Le texte interroge ainsi la fiction : nos souvenirs et les anecdotes transmises étant déjà une réécriture de notre propre histoire.
Le jour d'une grande tempête, un homme, Lambert, arrive sur la pointe de la Hague. Il semble connaître les lieux et la vieille Nan, que chacun craint et dit à moitié folle, croit voir en lui un visage connu, celui d'un certain Michel. Dans ce bourg vivant aux rythmes de la mer et du vent, on se réfugie souvent au café de Lili et, à moins d'être né ici, il est impossible de comprendre ce qui peut lier ou opposer certains habitants. L'arrivée de Lambert semble ainsi bousculer nombre d'entre eux et déclencher des faits en apparence anodins, comme la disparition d'une vieille photo, punaisée au comptoir de Lili. Quant à la narratrice du roman, elle vit ici depuis six mois seulement. Elle est employée par le Centre ornithologique de Caen pour observer les oiseaux migrateurs et passe son temps à errer sur les landes et les falaises. Lambert l'intrigue et peut-être l'attire. Il lui révèle son lien au village, des vacances passées ici enfant, le voilier retourné de ses parents une nuit, leur noyade et le corps de son petit frère Thomas jamais retrouvé. C'était il y a quarante ans. Il vient officiellement vendre la maison de famille. Mais les jours passent et l'homme s'incruste. Et la narratrice, peut-être parce qu'elle est étrangère au village et entre chez tout le monde, peut-être parce qu'elle s'ennuie, peut-être aussi parce qu'elle vit dans l'absence d'un être aimé, va peu à peu renouer les liens manquants de cette histoire. Et mettre à jour les secrets enfouis depuis tout ce temps, impliquant nombre d'habitants de la Hague. Il est difficile de résumer l'ensemble de ce roman, comprenant de nombreux personnages autour d'une intrigue principale, la noyade des parents de Lambert et le sauvetage caché de son frère, dissimulé sous un autre nom. Ce mystère joue comme un appât pour le lecteur, qui entre ainsi par effraction dans les destinées de ces personnages tous marqués par leur destin, comme Claudie Gallay sait les inventer. L'atmosphère de ce lieu âpre, soumis à la violence de la mer, donne une tonalité particulière au roman, l'enveloppe de brume puis l'éclaire brutalement. On y parle de morts venant hanter les vivants, de haines familiales, d'amour fou. Et c'est avec son écriture toujours retenue, que Claudie Gallay nous convainc de sa singularité de son univers romanesque, toujours habité de secrets et de silences.
Jeanne a tout pour connaître un bonheur tranquille : deux filles étudiantes, un mari attentionné, une amie fidèle, un boulot stable. Passionnée par Marina Abramovic, l'artiste-performeuse célèbre pour avoir, dans son travail, mis en jeu son existence et ses amours, Jeanne n'aime pas moins les surprises, l'inattendu. Cet été-là, le hasard se glisse - et elle-même l'invite - dans son quotidien... Un roman lumineux et tendre sur la force libératrice de l'art. Et sur la beauté de l'imprévisible.
L'archet c'est une portion de temps, une portion d'espace, une portion d'esprit. Larchet est le segment visible dune musique qui se poursuit vers l'infini. Il pourrait s'apparenter à une règle, que je prends comme outil pour tracer la portée ces cinq lignes qui n'ont de limites que celles de la page qui les retient. En réalité, comme les notes que l'on y dépose, ces cinq lignes se prolongent beaucoup plus loin. Car la musique ne s'arrête ni au bout dune ligne, ni au bout des crins de l'archet qui les fait naître.
Alors que le Festival d'Avignon 2003 s'enlise dans la grève des intermittents, une actrice célèbre retrouve sa ville natale, après dix ans d'absence. Elle y a vécu un amour passionnel avec le directeur d'un théâtre du festival off, qu'elle a quitté pour faire carrière. Ce dernier met en scène une pièce d'un auteur inconnu, sorte de poète maudit décédé dans des circonstances obscures...Après 'Les Déferlantes', qui lui a amené la consécration (Prix des lectrices de Elle 2009), Claudie Gallay explore avec toujours autant de singularité les mystères enfouis au creux de chaque vie.
Jess a vingt-trois ans et quatre amies de toujours. Pour la fête du Printemps, les cinq filles décident de présenter un défilé de mode : elles vont chiner, coudre et créer des tenues, mais surtout elles vont oser monter sur scène, entrer dans la lumière. Envisager cette audace, c'est déjà changer, or Jess va changer bien plus encore, en quelques mois, au risque de perdre une amie, au risque de se découvrir, au risque de s'envoler. Un roman de la métamorphose, frais, joyeux et enlevé, plein de promesses d'avenir.
Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa soeur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n'est pas la sienne. Dans le Val-des-Seuls, il y a aussi le vieux Sam, pourvoyeur de souvenirs, le beau Jean, la Baronne et ses chiens, le bar à Francky avec sa jolie serveuse...
Dans le gîte qu'elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l'artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n'a rien d'évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions. Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d'enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s'écoule, le froid s'installe, la neige arrive... Curtil sera-t-il là pour Noël ?
Évocation subjective et captivante de la vie, de l'oeuvre et de l'engagement si singuliers du peintre Roman Opalka, le sculpteur du temps, qui éclaire de façon inattendue la création romanesque de Claudie Gallay, et établit une filiation secrète entre les deux oeuvres.
En parcourant la vie, l'oeuvre et l'engagement si singuliers de Roman Opalka, artiste peintre d'origine polonaise ayant consacré sa vie à sculpter le temps par les nombres, Claudie Gallay ravive ce qui a forgé son imaginaire de romancière, dévoilant des aspérités nouvelles, des passerelles souterraines, des irrigations muettes entre les deux oeuvres.
Entrant de plain-pied dans le champ privé de la romancière, serti de sa subjectivité - d'écrivain, de lectrice, de regardeuse, d'amatrice d'art - et de cette complicité tacite (elle ne rencontrera jamais celui qu'elle admire tant), le récit éclaire avec concision et évidence l'oeuvre romanesque, son espace-temps, par l'entremise de celle, picturale et philosophique d'Opalka, cosa mentale qui induit un changement d'attitude, de réaction, de perception pour quiconque s'y intéresse.
Entre promenade dans l'univers et la vie du peintre et références personnelles, le récit progresse en touches émotionnelles et artistiques et fourmille de détails pour les connaisseurs comme pour les non-initiés, donnant à voir tout ce qui forme un artiste. L'enquête s'étoffe ainsi au fil des pages et des reproductions : des premières expositions auxquelles Claudie Gallay assiste, au manoir du peintre qu'elle visite en Aquitaine, aux "erreurs" relevées dans les toiles du maître, jusqu'aux pages qu'elle noircit de suites de chiffres, comme pour éprouver, jusqu'à en devenir le passeur évident et mélancolique, cette dimension épaisse, heureuse et indicible de l'irréversibilité du temps qui l'a totalement bouleversée ; seul objet, motif et projet d'Opalka à compter de 1965.
Proposition poétique, théorique, esthétique, Détails d'Opalka s'apparente à un hommage monographique par la mémoire des deux trajectoires qu'il contient. Celle du temps sur lequel Roman Opalka veille, et celle des livres de Claudie Gallay.
Un été, en normandie.
Dans une maison en bord de plage, un jeune couple et leurs jumelles s'installent dans leurs vacances. jeux de plage, baignades et promenades tissent le quotidien des jours. l'homme, cependant, s'échappe de plus en plus souvent pour rendre visite à une vieille dame singulière, alice berthier, rencontrée par hasard. sa maison, derrière un portail envahi de lierre, semble figée par le temps. des fétiches sacrés, livres, photographies, s'entassent dans les armoires, toute une mémoire liée à une tribu indienne, les hopi.
Dans un jeu de conversations fascinantes, alice va distiller des pans de son histoire : son voyage, adolescente, en arizona, dans le sillage d'andré breton, la fascination des surréalistes pour la culture sacrée des hopi. mais, de visite en visite, alors que l'homme semble pris au piège de cette rencontre, alice va progressivement révéler le secret de sa vie.
Pa' croit au monde meilleur, il dit que la chance va revenir.
Le terrain vague, au bord du périph', il l'a appelé al'bamo, le paradis. en vrai, ça s'appelle rond-point de la pologne. la bâche du cirque est trouée, il ne reste plus que deux tigres et une guenon. il doit y avoir des endroits plus beaux que ceux-là, mais dan, l'enfant du clan des pazzati, n'en connaît pas. il sait toutes les mauvaises choses qui guettent quand on est rom, mais aussi les belles que la vie invente, le feu, les saucisses grillées, le regard de mam' les rares fois oú elle le serre contre lui.
Mam', la reine des pazzati, qui dit toujours que la pitié, ça tue les hommes.
Dans la maison des cimes, le carnet des enfants nés est caché derrière les draps.
Après le nom du père et celui de la mère, il y'a les noms de marc et de simone. pour manue, il n'y a rien d'écrit. manue est une beauté tombée du ciel un matin dans ce village abandonné aux loups, aux éclairs qui claquent derrière la montagne. manue est un secret né de la folie du père. alors marc, l'enfant qui parle aux arbres, dit que lorsqu'il sera grand, il emmènera manue. très loin du sol gelé l'hiver, des sandwiches à la moutarde, de la honte.
Au village, ils l'appellent tous l'Anéanti. C'est parce que sa maison va bientôt disparaître dans un grand trou, à cause de la falaise qui s'effrite au bout du jardin. Malgré le risque, sa mère ne veut pas déménager. Elle n'est pas drôle et elle distribue souvent des claques. Alors quand il en a marre de sa famille pas rigolote, des zéros à l'école et des histoires de falaise qui menace, il va retrouver Paulo et sa grande soeur, qui le fait rêver à l'amour. Ou il part à la pêche avec son grand-père. Pour être heureux, il suffit parfois d'un rien.
La Hague... Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu'il arrache les ailes des papillons. Sur ce bout du monde en pointe du Cotentin vit une poignée d'hommes. C'est sur cette terre âpre que la narratrice est venue se réfugier depuis l'automne. Employée par le Centre ornithologique, elle arpente les landes, observe les falaises et leurs oiseaux migrateurs. La première fois qu'elle voit Lambert, c'est un jour de grande tempête. Sur la plage dévastée, la vieille Nan, que tout le monde craint et dit à moitié folle, croit reconnaître en lui le visage d'un certain Michel. D'autres, au village, ont pour lui des regards étranges. Comme Lili, au comptoir de son bar, ou son père, l'ancien gardien de phare. Une photo disparaît, de vieux jouets réapparaissent. L'histoire de Lambert intrigue la narratrice et l'homme l'attire. En veut-il à la mer ou bien aux hommes ? Dans les lamentations obsédantes du vent, chacun semble avoir quelque chose à taire.
A stranger in a remote village researches an old tragedy in this beautiful and resonant novel that was a phenomenal success in France.
A world-weary young father holidays by the sea near Dieppe with his reproachfully perfect wife and their twin daughters. A chance meeting with an eccentric old lady leads to intense encounters in her mysterious home, full of old photographs and strange objects - sacred ceremonial masks once belonging to the Hopi Indians of Arizona. The old woman takes comfort in her new companion, and he, in turn, is drawn by her secrets. As he begins to push his family into the background, her stirring tales of the Hopi become the only salve to his despondent soul.