Fascinant pays, fascinante histoire ! Depuis plus de trois mille ans, cette civilisation attire le monde et dès l'Antiquité, de grands hommes se sont pressés à l'ombre de ses temples et de ses pyramides. Pour expliquer un tel essor et comprendre les raisons de sa décadence, les égyptologues se sont penchés sur l'évolution de ce peuple en déroulant le papyrus de l'histoire. C'est cet aperçu en trois parties que propose Alexandre Moret. La première décrit les conditions physiques, les divisions géographiques et ses origines, tant légendaires qu'historiques. La deuxième partie est consacrée aux institutions royales et à l'évolution de la société. Comme toujours dans l'histoire des hommes, les luttes et les guerres seront le moteur principal des changements de régimes, de dynasties et des évolutions de la religion, omniprésente en Égypte. Durant tout ce temps, les arts, la littérature et les sciences ont atteint des sommets. C'est le sujet du troisième volet qui en dresse une image des plus vives et des plus complètes. Même si l'égyptologie a fait, depuis, des progrès considérables et a permis des découvertes stupéfiantes, cet ouvrage reste d'un grand intérêt, notamment parce qu'il insiste sur le mouvement social et ses conséquences ; de nombreuses gravures et photographies l'enrichissent, ainsi que d'importantes citations originales. Alexandre Moret est l'un des grands noms de l'Égyptologie française. Né en 1868, il occupera à partir de 1923 la chaire d'Égyptologie au Collège de France. Il sera également président de la Société Française d'Égyptologie , directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Études et directeur honoraire du musée Guimet. Il s'éteindra en 1938.
Comme la religion, la magie se propose de modifier l'ordre normal ou prévu des choses par des miracles; mais là où le prêtre adresse des prières et des offrandes à des Êtres supérieurs appelés Dieux, le magicien use vis-à-vis de ceux-ci de la force ou de la ruse. Le prêtre supplie, le magicien commande: et comme l'expérience prouve que la force est plus efficace que la prière, il s'ensuit que chez les populations primitives le magicien a plus d'autorité encore que le prêtre. À moins que le prêtre, comme c'est le cas fort souvent en Égypte, ne soit lui-même un magicien qui condescende à mêler parfois la prière à ses objurgations.
Dans toute société où la magie est en honneur, c'est un article de croyance universelle que tout être et toute chose sont animés d'un Esprit, analogue à celui qui meut le corps humain. Il n'y a rien dans la nature qui soit inerte, dépourvu de conscience ou de volonté; tout être, tout objet peut agir pour ou contre les hommes et réciproquement le magicien peut avoir une action sur tout être et tout objet qu'il atteint dans leur corps et dans leur esprit.
À côté des rites où se formulait l'adoration quotidienne des dieux, les temples d'Égypte connaissaient des cérémonies d'un caractère plus spécial, d'une signification réservée à une élite de prêtres et de spectateurs, célébrées dans des édifices isolés, à des dates déterminées ou à d'autres heures que celles du culte régulier.
Quand on accomplissait pour le compte d'un dieu, ou d'un homme, ces rites capables de le transfigurer en être sacré «iahou», on «faisait les choses sacrées», siahou, (c'est la formule funéraire des stèles retrouvées datant de la VIe dynastie égyptienne).
En quoi consistaient ces actes ineffables ? Comment se représenter leur mise en scène et leur contexte symbolique ? Ce sont les questions que Moret s'efforce de résoudre ici. Et il nous initie à cette «force inexplicable des symboles», sans laquelle «l'intelligence des choses divines» ne peut pas ête imaginée.