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Sarah Jollien Fardel
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Jeanne apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa soeur semblent se résigner, elle lui tient tête. Un jour, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence. Dès lors, la haine et le dégoût lui servent de viatique. Après cinq années d'éloignement et de répit, le suicide de sa soeur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice. Habitée par la rage, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d'êtres bienveillants que sa sauvagerie n'effraie pas. Dans une langue syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée.
Ce premier roman, sans apprêts, vif et vrai, s'attarde sur les dégâts de l'abus sur le corps et ses désirs. Frédéric Roussel, Libération.
La langue âpre de la romancière obéit à un rythme imprévu. Sa prose vous laisse la gueule ouverte avec un pansement sur la joue. Muriel Steinmetz, L'Humanité.
Une économie de moyens doublée d'une force remarquable. Denis Cosnard, Le Monde des livres.
Prix du roman FNAC Prix Goncourt des détenus Choix Goncourt de la Suisse Prix de la librairie Millepages (Vincennes). -
Tous les matins, au réveil, Rose, la narratrice du puissant deuxième roman de Sarah Jollien-Fardel, lutte pour ne pas être assaillie par la réalité crue, dans cette chambre aux parois boisées où elle vit désormais attachée par une longe.
Rose est devenue folle de douleur au moment où, trois ans auparavant, des policiers sont venus lui annoncer la mort de sa petite fille, Anna. Cette douleur, elle n'est pas parvenue à la surmonter, au point de devenir un danger pour elle et pour les autres, au point de demeurer attachée et recluse.
La vie était joyeuse, avant l'accident. Rose se souvient de son enfance dans un village de montagne, rythmée par la phrase inscrite sur une poutre du bistrot de sa grand-mère adorée : « Tu es d'une espèce qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres ». Son amitié immédiate avec Camil, le petit garçon qui venait passer ses vacances sur les hauteurs, devenu bien plus tard son mari et son indéfectible soutien ; leurs lectures et leurs promenades au coeur d'une nature somptueuse ; la naissance de leur enfant ; leurs métiers qu'ils aiment, lui est architecte, elle ostéopathe. Une vie apparemment sans histoires, dans laquelle Rose, ressassant le passé, traque les failles, elle qui ne s'est jamais remise de la mort longtemps inexpliquée de sa propre mère, le jour de sa première communion. Elle qui est également rongée par le remords de n'avoir pas désiré vraiment l'arrivée d'Anna.
Les souvenirs de Rose vont peu à peu, dans une narration haletante, nous révéler les circonstances de l'accident, et celles de sa propre réclusion.
Mais, le jour où Rose, percevant soudain une présence inconnue derrière sa porte close, entend filtrer à travers la paroi des phrases extraites d'un livre de Marguerite Duras, nous, lecteurs, avons l'intuition que la lumière pourrait gagner...
Sarah Jollien-Fardel, par la manière dont elle choisit de sauver d'elle-même son personnage, nous offre un magnifique dénouement, à l'aune de son magistral portrait de femme.